Une réunion a eu lieu hier entre les représentants de l’intersyndicale (Mobilians ESR, Unidec et UNIC) et le Ministère de l’Intérieur. Cette « réunion de restitution » devait permettre à l’administration de présenter en détail les mesures envisagées pour régler le problème du manque de places d’examen et réduire les délais d’attente. À l’issue de la première réunion mi-juillet, les espoirs étaient grands. Face aux mesures proposées hier, la déception l’est tout autant ! PermisMag vous résume les annonces et la réaction de l’intersyndicale.
Les propositions du Ministère de l’Intérieur
Ce matin, sur BFMTV, le Ministre auprès du Ministre de l’Intérieur, François-Noël Buffet, a annoncé une série de mesures visant à répondre au manque de places d’examen. Détaillées dans un communiqué de presse, diffusé sur le site du Ministère, ces mesures sont les suivantes :
- Création de 80 000 places d’examen supplémentaires
- Recrutement et formation de 108 inspecteurs, avec l’ajout de 10 postes dès 2026
- Renforcement de l’accompagnement local via les préfets
- Mise en place d’une option « sans passager » pour le permis moto, avec un code restrictif spécifique et une formation qualifiante complémentaire.
Et une mesure à moyen terme avec la mise en place d’une mission parlementaire flash dès le mois de septembre 2025. Cette mission parlementaire aura pour but de « proposer des mesures nouvelles pour augmenter le taux de réussite à l’examen, sans compromettre la sécurité, ni le niveau d’exigence ».
Des solutions insuffisantes et inadaptées
La crise actuelle que traverse la profession aura au moins un mérite : mettre d’accord les organisations professionnelles ! À l’issue de la réunion d’hier, elles étaient unanimes pour dire que les mesures proposées ne sont pas du tout à la hauteur de leurs attentes.
Sur les 80 000 places d’examen annoncées
Ces places sont hypothétiques, il s’agit d’un maximum de 80 000 places d’examen supplémentaires qui seront proposées entre août et décembre 2025. Pour cela la DSR fera appel à des IPCSR retraités et à des IPCSR volontaires. Elle mobilisera également les IPCSR tout juste sortis de formation en leur faisant faire 13 unités dès le deuxième mois sur le terrain (10 le premier mois et 13 à partir du deuxième). Enfin, en réduisant la durée de la circulation moto à 32 minutes.
Ces places ne sont pas ciblées. Il n’existe aucune garantie (1) que la DSR trouve des volontaires pour effectuer ces examens et (2) que ces volontaires soient situés dans les départements les plus affectés par le manque de places.
Elles sont très largement insuffisantes. Les 80 000 places promises sont une goutte d’eau dans l’océan. Elle représentent une moyenne de 158 places supplémentaires par département et par mois. Présenté autrement, 80 000 places d’examen pour 12 000 auto-écoles, cela représente 1,33 place supplémentaire par auto-école pour une période de 5 mois… soit 0,26 place supplémentaire par auto-école et par mois !!
L’intersyndicale estime qu’il faudrait produire entre 300 000 et 400 000 places d’examen pour résorber le retard accumulé ces derniers mois.
Sur le recrutement d’inspecteurs supplémentaires
Le communiqué parle de 108 IPCSR supplémentaires, « avec l’ajout de 10 postes dès 2026 ». En réalité, ces inspecteurs étaient déjà prévus. Ils correspondent aux 100 inspecteurs supplémentaires sur 3 ans promis par Gérald Darmanin en son temps. Ils se répartissent ainsi : 49 IPCSR, le 29 septembre 2025, 32 IPCSR à la mi-janvier 2026 et 27 IPCSR en mai 2026. Ces inspecteurs combleront à peine les départs en retraite et ceux qui quittent la profession.
La seule nouveauté est l’annonce de 10 IPCSR supplémentaires en 2026, qui sortiront de formation courant 2027. Et encore, le recrutement de ces 10 IPCSR sera conditionné à l’adoption du budget présenté par le gouvernement Bayrou à la rentrée… un vote bien loin d’être acquis.
Là encore, l’annonce est hypothétique et très insuffisante. Il y a actuellement environ 1450 IPCSR en France. S’ils étaient recrutés, les 10 IPCSR supplémentaires ne représenteraient qu’une hausse des effectifs de 0,7%.
Sur le renforcement de la communication au niveau local
Le Ministère souhaite la mise en place de cellules de suivi au niveau départemental, afin que les organisations professionnelles puissent alerter le préfet plus facilement et plus rapidement en cas de pénurie de places.
Les OP ont déjà l’habitude de communiquer avec les préfets et la mise en place de ces cellules n’apporterons rien de concret.
Les engagements intenables du Gouvernement
Dans son communiqué, le Ministère de l’Intérieur écrit « le Gouvernement rappelle son engagement ferme au respect de trois principes suivants :
- Pas d’augmentation du prix du permis
- Pas de baisse du niveau d’exigence
- Pas de dégradation de la sécurité routière »
Dans le viseur du Ministre, les taux de réussite qui sont selon lui insuffisants. François-Noël Buffet a déclaré ce matin sur BFMTV : « Nous allons lancer dès septembre une réflexion plus approfondie sur le permis de conduire, les conditions de son enseignement, les règles qu’on peut faire évoluer pour obtenir des résultats plus favorables que ces 52% qui sont insuffisants »
Si l’on doit augmenter les taux de réussite sans toucher au prix (donc au volume d’heures), ni au niveau d’exigence de l’examen, la seule variable d’ajustement est… la qualité de l’enseignement ! Le Ministre serait-il en train de suggérer que les écoles de conduite forment mal les élèves ? Si ce n’est pas le cas, sa déclaration est a minima maladroite.
Quelles conséquences sont à prévoir ?
Les organisations professionnelles sont unanimes pour dire que les mesures proposées par le gouvernement sont très insuffisantes. Elles donnent l’impression que le gouvernement n’a pas pris conscience de l’ampleur de la crise ou, pire, qu’il n’y a pas de volonté politique de la régler.
C’est d’autant plus grave que la situation risque d’empirer dans les mois et les années à venir :
- la démographie des 17-21 ans est en croissance constante jusqu’en 2033. Il faudra créer au minimum 50 000 places supplémentaires par an rien que pour suivre la courbe.
- les taux de réussite risquent de baisser (et non pas de s’améliorer comme le souhaite le Ministre). En effet, la réforme du « permis à 17 ans » avait vu un grand nombre d’élève casser leur AAC pour passer le permis plus tôt (avec des bons taux de réussite à la clef). Les élèves passent désormais le permis à 17 ans, sans passer par l’AAC ont et auront des taux de réussite plus faibles. Le taux de réussite moyen était de 58% au niveau national, il pourrait retomber à 52-53% dès l’an prochain.
Vers un permis plus cher ?
Pour que les places supplémentaires aient un vrai impact sur les délais et permettent de « désengorger » le système, la DSR propose que les 80 000 places soient réservées aux élèves jugés « ultra prêts » (sic) à passer l’examen. Si les écoles de conduite écoutent les consignes du Ministère, cela rendra forcément le permis plus cher pour les élèves.
Pour Lorenzo Lefebvre (vice-président de Mobilans ESR) « L’État crée un permis à 130 %, où il faudra être surformé pour accéder à l’examen. Les écoles de conduite responsables ne pourront plus faire passer un élève à 100 % – elles devront attendre qu’il soit « parfait ». ».
Oui à une réforme structurelle, non aux « mesurettes »
Faute d’étude statistique fiable, le Ministère de l’Intérieur semble avoir été surpris par cette crise. Entre la première réunion le 16 juillet et les annonces d’hier, la DSR a disposé de 15 jours pour préparer une réponse à la hauteur des enjeux.
Elle n’en a visiblement pas été capable, alors même qu’elle détient les chiffres, les moyens, les leviers réglementaires nécessaires pour faire bouger les lignes rapidement. Au lieu de cela, elle propose quelques mesurettes qui ne règleront rien et ne serviront qu’à gagner un peu de temps.
L’annonce d’une mission parlementaire flash est un moyen de se dédouaner en renvoyant le problème vers le Parlement. Le plus probable est que cette mission flash consultera les acteurs pendant quelques mois, qu’elle produira un rapport au printemps 2026… et que rien (ou presque) ne se passera alors que tous les regards commenceront à se tourner vers la présidentielle de 2027.
Les auto-écoles dans la rue à la rentrée
Le climat actuel dans les écoles de conduite n’est pas sans rappeler celui de 2019 et la manifestation historique qui avait eue lieu à Paris. Les membres de l’intersyndicale évoquent désormais ouvertement la possibilité de manifester à Paris à la rentrée.
Dans le communiqué de presse diffusé en milieu d’après-midi, l’intersyndicale écrit « Compte tenu des réponses apportées par l’Administration, l’intersyndicale se voit contrainte d’engager un bras de fer. » Ses membres demandent désormais à être reçus non pas par le Ministre de l’Intérieur, mais par le Premier Ministre, afin d’évoquer la mise en place de mesures d’urgence.
Pour aller plus loin
Une proposition de loi a été déposée le 11 juillet par la député Mélanie Thomin (députée du Finistère, Groupe Socialiste), pour désengorger l’accès au permis de conduire pour les jeunes dans les départements en tension (lire le texte sur le site de l’Assemblée nationale). La proposition de loi prévoit notamment :
- la mise en place d’une évaluation à l’issue de la 15ème leçon de conduite pour évaluer si l’élève est prêt à passer l’examen
- la possibilité dans certains cas, de faire passer l’examen pratique par des enseignants de la conduite (sous certaines conditions)
- que les candidats en recherche active d’un emploi soient prioritaire sur les autres candidats.
Cette proposition de loi a le mérite d’exister et de nourrir le débat. Elle a relativement peu de chance d’être mise au vote et encore moins d’être adoptée.
La formation se doit d’être qualitative ,on voit beaucoup trop de candidats qui veulent » tenter » leur chance alors que le niveau n’est pas atteint
on subit une pression de plus en plus forte difficile à supporter
Équation complexe…
Pendant ce temps, le gouvernement réduit progressivement le financement de la formation au TP ECSR.
Résultat : moins d’enseignants formés, une main-d’œuvre plus rare… donc des tarifs qui grimpent.
Mais une chose ne changera jamais : la vraie qualité repose sur une formation complète, avec l’intégralité du REMC. Et ça, c’est bien plus que 20 heures de conduite pour la majorité des élèves.
La politique… ça me fera toujours rêver.
Permis à 17 ans : le réserver aux AAC, comme avant, pour valoriser la conduite accompagnée.
On demande à tous les élèves, un niveau de capacité qu’ils n’arrivent pas à obtenir durant leur scolarité !
C’est trop haut, la barre est trop haute !
Le niveau de beaucoup de mes élèves est très bas, que ce soit pour des raisons sociales, culturelles, ou autres !!!
Pourquoi cherchent-ils la facilité en achetant le code, par fainéantise oui ! Mais aussi beaucoup parce que le niveau est trop haut, c’est l’Everest !
Notre société est très évolué, mais peu être trop pour beaucoup, qui ne voient que les travers comme solution de vie ou de survie !
C’est le permis de conduire un véhicule, pour pouvoir se déplacer point, ce doit être accessible simplement !
Il faut une maîtrise corporelle minimum !
Des règles simples !
Un savoir être civique !
Je résume c’est sûr !
Mais avant, avant, avant, il y avait un cheval !
Tu ne monte pas sur le cheval parce que tu n’en avait pas les moyens, pas le besoin, peur…
Quels étaient les solutions, transports en communs, dépendance d’une Thiers personne, marche à pied, sédentarité !
Mais on avait le temps !
Dans ce texte je tenais à souligner, non pas un retour en arrière, mais une avancée vers la simplification de notre société, pour que tous puissent trouver leurs mode de déplacement appropriés, en tenant compte des enjeux actuels et futurs !
Il faut simplifier, ne plus complexifier, leurs apprendre pourquoi un véhicule est petit quand il est loin, et comprendre qu’en se rapprochant il va grossir, et le temps qu’il met à grossir permet d’évaluer la vitesse, et donc de prendre une décision appropriée !
Simple ! Les règles de base du premier code de la route !
Simple ! La compréhension du comportement nécessaire en société, et la compréhension de ses propres comportements pour mieux anticiper les autres!
Sérieusement, qui est encore assez naïf pour croire que l’Etat va encore aux revendications ridicules que nous leur servons depuis 30 ans ? Nous avons usé
jusqu’à la corde le couplet du « plus de places et plus facile », les chiffres montrent clairement que ça ne sert strictement à rien, les taux restent les mêmes qu’il y a 30 ans alors qu’à l’époque on se faisait ajourner brutalement pour un simple oubli de clignotant. L’état l’a enfin compris et nous renvoie à la figure une réalité cruelle et dérangeante : 1 examen sur 2 se solde par un échec. La remarque du ministre est délibérément vexatoire et vu les réactions, elle fait mouche. Dans ce contexte demander de dépenser toujours plus pour faire toujours moins bien n’a aucune chance d’être entendu. Nos Op voyaient dans RDVPERMIS un moyen de répartir équitablement les places d’examen, ce qu’elles n’ont pas vu (ou voulu voir) qu’il s’agit surtout d’un moyen un peu sournois de contraindre la profession à monter le niveau des formations en mode « marche ou crève ». On pourra revendiquer tout ce qu’on veut ou manifester, nous ne sommes plus audibles
Déçu ? Ca alors. mais qui peu encore croire , que ces énarques ces haut fonctionnaires qui sont incapable de gérer quoi que ce soit correctement ; puissent le faire avec l’examen de conduite.