Pas d’avancées après la réunion au ministère : les auto-écoles menacent de se mobiliser à la rentrée

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Une réunion s’est tenue ce mercredi 16 juillet entre les représentants des principales organisations professionnelles et des réseaux d’auto-écoles (ECF et CER) d’une part et Philippe Bailbé, le directeur de cabinet adjoint du Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, et les représentantes de la DSR d’autre part. Objectif : faire le point sur la situation préoccupante que traverse le secteur, confronté depuis des mois à un manque criant de places d’examen pour le permis de conduire.

Une réunion dense mais sans mesures concrètes

Selon Lorenzo Lefebvre, vice-président de Mobilians ESR, cette rencontre de plus de deux heures et demie a permis aux organisations de parler d’une seule voix : « Nous avons exposé l’ensemble des propositions concrètes proposées par la profession, les graves difficultés rencontrées sur le terrain, et l’urgence de préserver le modèle des auto-écoles de proximité. »

Il dénonce l’« inaction persistante de la DSR », pourtant régulièrement alertée depuis deux ans. Une déclaration qui marque un changement de ton notable de la part de l’OP majoritaire. S’il note que le directeur de cabinet du Ministre prenaient désormais le sujet au sérieux, il déplore tout de même qu’aucune annonce concrète n’a été faite à l’issue de cette réunion.

Plus critique encore, le président de l’UNIC, Benjamin Panis, juge l’entretien « extrêmement décevant », pointant l’absence de réponses sur les problématiques majeures qui touchent les écoles de conduite. À savoir :


  • Des délais d’attente pour les examens largement supérieur aux 45 jours réglementaires
  • Un climat de tension et d’insécurité croissant dans les relations avec les candidats
  • Une dégradation des conditions économiques des auto-écoles
  • Une inertie de l’administration, malgré des alertes répétées

Des marges de manœuvre très faibles

Si aucune mesure n’a été annoncée par l’administration, c’est qu’elle n’en a pas les moyens. François Bayrou présentait avant-hier les orientations budgétaires de son gouvernement pour l’année 2026. Outre son objectif de trouver 43,8 milliards d’économies, le Premier Ministre a annoncé la suppression de 3 000 emplois publics dès 2026 et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois à partir de 2027.

Dans ce contexte de restrictions, on voit mal comment le Ministère de l’Intérieur pourrait obtenir le recrutement d’inspecteurs du permis de conduire supplémentaires.

La DSR mise face à ses manquements

La DSR n’a jamais fait preuve de transparence sur les chiffres. Condamné à plusieurs reprises par la CADA, le Ministère refuse systématiquement de communiquer des données chiffrées dès lors que ces dernières pourraient le mettre en difficulté.

« Cela fait des mois que l’on demande la publication mensuelle des seuils pour l’ensemble des départements. La DSR n’a jamais voulu nous donner ces chiffres. » regrette Christelle Oberholz, la Présidente de l’UNIDEC. La raison ? Une analyse de la baisse des seuils risquerait de mettre en lumière une mauvaise gestion RH menée par la DSR et une sous-occupation de ses effectifs.

Le sujet de la privatisation sur la table

Également présent lors de la réunion, Édouard Rudolf – le président d’En Voiture Simone – demande la privatisation de l’épreuve pratique. Cette épreuve, qui deviendrait payante, coûterai selon lui entre 80 et 100 euros supplémentaires aux candidats (en plus de l’accompagnement à l’examen déjà facturé par l’auto-école). Il demande également un allègement des tâches administratives confiées aux inspecteurs du permis de conduire.


De son côté, Mobilians ESR a proposé une modification de l’épreuve du plateau moto (qui serait organisé par les écoles de conduite) ou – à défaut – sa privatisation. Il n’existe pas de consensus sur ce point entre organisations professionnelles qui, pour certaines, craignent que cela créé un précédent.

Une nouvelle réunion prévue, la menace d’une mobilisation nationale en septembre

Un second rendez-vous est prévu dès la semaine prochaine. Les professionnels attendent avec impatience les arbitrages du ministère. « Notre confiance envers l’administration est faible, reconnaît Benjamin Panis, mais nous dialoguons désormais avec le cabinet du ministre de l’Intérieur. Cela laisse espérer une prise de conscience. »

Pour Christelle Oberholz (UNIDEC) tout va se jouer lors de la réunion de la semaine prochaine. Elle ajoute : « on nous a annoncé que des pistes de travail existaient, nous avons besoin de mesures concrètes et de chiffres. On attends tout ça pour la semaine prochaine ».

Du côté de Mobilians ESR, on prévient déjà : « Si aucune réponse sérieuse n’était apportée, une grande mobilisation nationale en septembre sera inévitable. »

Les représentants des auto-écoles assurent qu’ils ne lâcheront rien. La pression médiatique continue, et la rentrée pourrait bien être marquée par une manifestation à Paris comme en 2019 si le gouvernement ne propose pas rapidement des solutions concrètes pour sauver un système à bout de souffle.


9 Commentaires

  1. Il faut déléguer aux auto-école le pouvoir de donner le permis avec quelques précautions
    Recours à un inspecteur en cas de litige
    Et attribution d’un seul point sur le permis pendant un an .
    Je sais que ça ne se fera pas mais dans 10 ans on en reparlera encore….

  2. Il vont arriver à ce qu’ils veulent, une délégation de service public pour l’examen de la conduite. Ce qui va avoir pour effet immédiats , un nombre de place d’examen illimités et la fin des délais , mais avec les mêmes dérivent qu’a connu l’examen du code. Ce qui est extraordinaire c’est qu’ils ne soient pas capable de mettre en place, ce que le privés pourraient faire en 3 mois, un examen payant , recrutement de personnel examinateur , et des bénéfices pour l’états au lieu du privés. Mais ça il en sont incapable.

  3. On pourra organiser le concours Lépine des solutions à 2 balles tant qu’on veut, le vrai fond du problème c’est un taux de réussite national à peine supérieur à 50% malgré des « harmonisations » à répétition pour réduire à quasi zéro le niveau d’exigences de l’examen et un nombre moyen de leçons en hausse constante. Dans ces conditions toutes les solutions avancées et autres arguments seront non recevables. Depuis 20 ans l’état a fait des efforts pour que le permis soient plus facile, résultat: zéro, rien, nada. En conséquence l’administration ne fera rien, manifestation ou pas. Les rodomontades des op ne serviront a rien car nous avons perdu toute crédibilité.

  4. Je ne comprends pas pourquoi on ne réduit pas la durée de l’examen en enlevant les questions de vérifications. Comme pendant la période covid. Ça nous ferait gagner minimum 2 examen par jour et par inspecteurs.
    Concernant la demande de la publication mensuelle des seuils pour l’ensemble des départements : tous les délégués des syndicats de chaque département ont cette donnée. Il suffit de faire circuler un mail avec un tableau qu’une personne de chaque département complète. Nous aurons la réponse que le gouvernement cherche à cacher. Pour quelle raison ??
    De plus, afin de décharger les auto-écoles de la responsabilité de la recherche de la place d’examen, je propose que l’intégralité des élèves qui souhaitent une place d’examen, la demande au BER de son département. Du coup , les auto-écoles n’auront plus à gérer le stress génèré par le manque de place d’examen. Plus besoin de se bousiller la santé parce stress omniprésent pour les auto-écoles, qui à la bas n’ont qu’un rôle pédagogique.
    Les élèves peuvent envoyer au BER un courrier recommandé avec accusé de réception pour chaque demande de place.
    Les auto-écoles n’auront plus à s’inquiète de leur nombre d’ETP…
    Monsieur de stress, moins de charge administrative….
    Le tour est jouer. On renvoie le problème à ceux qui ont génèré le problème.

  5. De mon côté, je pense qu’il serait pertinent d’augmenter le forfait minimum :
    Passer de 20 à 30 heures pour la boîte manuelle
    Et de 13 à 23 heures pour la boîte automatique
    Cela nous alignerait sur la moyenne nationale et donnerait aux candidats de meilleures chances de réussir le permis dès le premier passage.

    Concernant les examinateurs, il faudrait qu’ils fassent aussi un effort : par exemple, envisager d’accorder le permis aux candidats qui obtiennent 25 points et plus, même s’ils commettent une seule faute éliminatoire. Cela pourrait se discuter directement dans le véhicule avec le moniteur, en faisant ensemble le point sur chaque cas particulier.

    Enfin, pour les élèves qui souhaitent absolument passer l’examen alors qu’ils ont échoué à l’examen blanc et qu’ils ne sont clairement pas prêts, il faudrait mettre en place une sanction plus dissuasive :
    S’ils échouent avec 2 fautes éliminatoires ou plus et moins de 18 points, le délai d’attente pour repasser l’examen serait automatiquement fixé à 1 an.
    Cela les obligerait à réfléchir sérieusement avant de demander une date d’examen et permettrait de réserver les places à ceux qui sont vraiment prêts.

    À mon avis, ces règles simples et claires pourraient nous permettre d’avoir une meilleure organisation et de meilleures chances de réussite pour nos élèves motivés.

  6. 1. Mobilians qui menace d’une grande mobilisation nationale… c’est La Fontaine « la grenouille et le bœuf »…lol
    2. Qui osera proposer de revenir à un véritable ETG basé sur la maîtrise de la signalisation et des règles de circulation (ça va calmer le e-learning)
    3. Suppression des questions de vérification (en gardant le seuil de 20 points) (ça remettra la qualité de conduite en place).

  7. Bonjour,

    Quel sujet passionnant ! En lisant tous vos commentaires, je constate que l’article souligne un taux d’échec très élevé. Le manque de places peut-il, en partie (je dis bien en partie), expliquer ce taux ? Si les élèves pouvaient passer leur permis directement après la fin de leur formation, cela pourrait-il contribuer à réduire cet échec ? Le permis reste le seul examen où le candidat se présente plusieurs mois après avoir terminé sa préparation…

    Quoi qu’il en soit, une chose semble claire : rien ne changera dans l’immédiat, et il faudra composer avec des délais très longs. À ce stade, seule la mise en place d’un examen payant pourrait peut-être apporter une solution, mais cela ne semble pas à l’ordre du jour.

    Je partage aussi plusieurs de vos avis, notamment sur l’idée d’instaurer un délai d’un an pour un élève qui se présenterait sans avoir réussi un examen blanc. Dernièrement, une inspectrice a recalé un élève pour avoir très légèrement mordu un zébra… Résultat : il repart pour un an d’attente.

    Je pense qu’il ne faut pas écarter totalement la piste d’une privatisation, à condition bien sûr de la confier à des professionnels reconnus et qualifiés, comme des FMESR ou des BAFM.

  8. Concernant la privatisation de l’examen, on voit où ça nous a mené avec l’ETG. Je suis favorable à ce que l’ETG soit redonné aux inspecteurs. Ca nous libèrerait de devoir apprendre la signalisation et faire des cours de code en leçon. Le fait de diminuer considérablement la fraude augmenterait mécaniquement les heures passées à la conduite , donc au final l’obtention d’un meilleur niveau. Et pourquoi pas une redevance pour passer l’examen pratique. Il faudrait voir à combien il faudrait mettre cette redevance pour dissuader ceux qui veulent « tenter leur chance ». Si ça peut faire monter le taux de réussite ce serait très bien. En plus ces fonds pourraient être utilisés par l’administration pour monter de vrais centre d’examens et pas des bouts de parkings où nos élèves attendent dans le froid l’hiver, sans toilettes.

  9. Si on veut dissuader réellement les candidats de tenter l’examen comme on joue au loto, il faut instaurer une redevance sur l’examen pratique. Cette redevance doit faire réfléchir le candidat de façon à ce qu’il mesure bien les conséquences d’une présentation prématurée. 100€ pour une 1ere présentation, 175 € la deuxième fois, 250€ la troisième et ainsi de suite. Ça calmerait de suite les optimistes. Ça pousserait également les élèves à choisir leur auto-école non plus sur la base du critère du prix (dont on sait pertinemment sur quoi il débouche) mais sur le choix de celui qui offrira une garantie élevée de ne pas à avoir à repasser l’examen plusieurs fois. Il faut en finir avec ces orientations qui favorisent le moins disant et n’entraînent que des effets négatifs pour tout le monde. L’examen gratuit et les formations à bas prix ce sont des élèves qui se font pigeonner par ceux qui ont fait de l’échec un business, qui passent l’examen comme on joue au loto, une profession qui souffre de ne pas dégager de marge correcte, de ne pas pouvoir recruter faute de savoir offrir des salaires décents, de ne rien as pouvoir travailler car les places sont gaspillées à tour de bras à cause justement de cette politique du moins disant.
    Alors on se réveille quand pour inverser la tendance ? Parce que ça n’est pas en braillant pour plus de places et un examen encore plus facile qu’on va y arriver !

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