[Analyse] Où sont passés les élèves ?

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Salle de code vide
Depuis le début de l’année, de nombreuses auto-écoles constatent une relative faiblesse du nombre d’inscriptions. Si le mois de décembre et la première semaine de janvier sont habituellement des périodes creuses en auto-écoles, les inscriptions repartent généralement à la hausse avec la reprise des cours. Ce ralentissement, qui survient après des mois d’activité intense, interroge autant qu’il inquiète. Nous avons tenté de comprendre le phénomène.

Les prémices d’un ralentissement dès l’automne 2021

Depuis qu’elles existent, les auto-écoles ont toujours connu des phénomènes de saisonnalité des inscriptions, corrélées notamment avec le climat et les échéances scolaires (vacances, rentrées,…). Le Covid-19 et la crise sanitaire que la France traverse depuis 2 ans sont venus percuter cette saisonnalité.

La baisse du nombre d’inscription en début d’année est inhabituelle et elle est confirmée par des dizaines d’exploitants d’écoles de conduite, partout en France. Au-delà de ces « ressentis » forcément subjectifs et difficilement interprétables, PermisMag a cherché des données objectives pour confirmer ce phénomène.

Si aucun indicateur ne permet de mesurer en temps réel l’activité des auto-écoles, il existe des outils qui permettent d’en avoir une bonne approximation : les tendances attachées à la recherche de certains mots-clés sur Google. Ainsi, si l’on regarde les volumes de recherche sur le mot-clé « auto-école », on constate une baisse importante des requêtes à partir de la mi-septembre 2021.

Cette baisse se poursuit jusqu’à fin décembre. On constate un léger rebond en janvier, mais les chiffres restent 15 à 20 points inférieurs à ceux constatés en janvier 2020 (avant la pandémie) et en janvier 2021.

Si l’on regarde les requêtes effectuées sur le mot-clé « code de la route », le constat est le même. Le volume de requêtes n’a jamais été aussi bas ces 5 dernières années (hormis pendant le premier confinement).

Ce ralentissement est confirmé par les opérateurs de centres d’examen du code de la route qui notent une baisse du nombre d’examens « de l’ordre de 20% ». Après l’afflux massif d’élèves suite aux phases de déconfinements, on semble assister à un « reflux », à un creux dans la « vague » (pour reprendre un terme à la mode).

Des raisons multiples au ralentissement

Nous avons cherché des explications à ce rétrécissement temporaire du marché de l’enseignement de la conduite. Nous avons rassemblé plusieurs hypothèses pour expliquer ce ralentissement. Nous vous les exposons ici :

  1. le contexte sanitaire : c’est l’explication qui arrive en tête. Les variants Delta puis Omicron particulièrement infectieux ont affectés un grand nombre de Français (jusqu’à 400 000 cas / jours). Ils ont pu inciter certains à revoir leurs priorités personnelles et professionnelles… et donc le passage du permis de conduire.
  2. la démographie. Si l’on regarde le nombre de naissances au début des années 2000, on constate qu’après un pic à 807 000 naissances en 2000, les chiffres ont baissé les années suivantes (en particulier entre 2002 et 2004) avant de repartir à la hausse. Ce sont les élèves qui sont nés à ce moment-là qui ont aujourd’hui l’âge de passer le permis.
  3. un « bouche à oreille négatif » autour du permis de conduire et du manque de places d’examen, abondamment relayé dans la presse régionale (dans le Calvados, dans l’Hérault et dans le Loir-et-Cher). Dans le même temps, le 27 septembre, Ornikar annonçait dans les médias saisir le Conseil d’État au sujet des délais de présentation des candidats libres (8 à 14 mois). Cette petite « musique de fond », relayée au sein des cercles d’amis, a pu inciter les plus indécis à reporter leur formation à la conduite à plus tard.
  4. Le contre-coup d’une bonne année 2021. Les auto-écoles ont connu (pour la plupart) une bonne année 2021. Les niveaux de recours au CPF ont été particulièrement hauts sur la période janvier à juin 2021. Le ralentissement de l’automne pourrait n’être qu’un rééquilibrage, avant un retour à la normale.
  5. Les lenteurs de l’ANTS. Le portail ANTS a fait peau neuve à l’automne 2021, mais les délais de traitement ne se sont pas pour autant raccourcis. Confrontés à des délais plus longs pour obtenir leur numéro NEPH, les élèves qui se sont inscrits en candidat libre ne peuvent pas passer leur examen du code de la route et doivent patienter avant de pouvoir aller s’inscrire en auto-école.

Nombre de naissances en France (source : Insee)

Nombre de naissances

Ces explications ne sont que des hypothèses et aucune ne suffit, seule, à expliquer le phénomène.

Ce phénomène est perçu différemment selon les auto-écoles, leur emplacement géographique et les actions de communication qu’elles mettent en place. Il doit être relativisé. En effet, il est probable qu’il s’agisse d’une phase transitoire en attendant un retour à la normal d’ici quelques semaines.

Bonne fin de semaine !


3 Commentaires

  1. Et si cela n était que le début d une nouvelle mentalité …le permis de conduire et apprendre à conduire tout simplement n est plus à » la mode ».

    Depuis le temps que l on entend  » la voiture c est pas bien « …ça pollue ça coute cher ( et la formation aussi ))) )… » on se débrouille sans  » !
    Nos politiques en sont pour bcq responsable aussi . ( demandez aux parisiens ) et cela à tendance à se généraliser partout en France.

  2. Il y a effectivement un voiture baching important et des jeunes avec une forte conscience écologique.
    Mon auto ecole est en lointaine banlieue de Paris et 75% de ma clientèle est en AAC.
    Pourtant depuis le debut du covid, plus personne ne vient en salle, ni ne bosse le code à distance.
    En même temps que le covid , il y a eu une réforme du bac avec controle continu et planning plus chargé au lycée et plus de devoirs donc surcharge pour nos élèves et des parents (CSP+) qui mettent une grosse pression sur la réussite scolaire et certainement le permis de coté.

  3. Mon établissement est situé dans la périphérie de Nantes, plusieurs de mes collègues et moi-même nous avons entre 2 et 4 mois d’attente pour commencer les leçons de conduite. Nous ne ressentons pas du tout, et bien au contraire, ce manque d’inscriptions. Actuellement j’aurai du travail pour 2 autres enseignants de la conduite, mais faute de moniteurs, ne refusons les inscriptions.

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