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Auto-école.net annonce une levée de fonds de 10 millions d’euros

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Vendredi matin, Benoit Storelli, le Directeur général d’Auto-école.net annonçait sur BFM Business une levée de fonds de 10 millions d’euros auprès du fonds d’investissement Ring Capital et détaillait les plans de l’entreprise pour les années à venir. L’interview (à revoir en sur le site de BFM) est riche en enseignements. Nous avons tenté de la décortiquer.

Un modèle différent des auto-écoles en ligne

La situation est connue : les évolutions législatives, soutenues par Emmanuel Macron depuis 2015 (en tant que Ministre de l’Économie, puis en tant que Président), ont favorisé l’émergence de nouveaux acteurs, des pure players digitaux, proposant des formations « moins chères ».

Pour Benoit Storelli, tous ces acteurs n’ont pas le même modèle économique et ne doivent pas être confondus. Il distingue :

  • Un modèle de plateformes de mise en relation qui fonctionnent avec des moniteurs indépendants et qui souhaitent « ubériser » le marché (à l’instar du géant américain avec les taxis et les VTC). Il s’agit du modèle défendu par Ornikar, En Voiture Simone, Le Permis Libre… ;
  • Un deuxième modèle plus intégré (et plus respectueux de la législation) avec des locaux, des moniteurs salariés, des élèves présentés sur ses propres places d’examen… et qui s’appuie sur le digital pour réduire le montant des formations, notamment grâce à la formation en ligne (e-learning). C’est le modèle défendu par Auto-école.net.

Si tous ces acteurs soulignent dans leurs publicités le caractère « moins cher » de leurs formations, Storelli défend une approche différente de ses concurrents. Auto-école.net ne communique pas sur le fait que ses formations sont « moins chères qu’en auto-école ». Il se défend de toute volonté de « casser les prix » et explique la différence de prix par le fait que l’e-learning permet de réduire le nombre d’heures nécessaires pour passer le permis de conduire.

On aurait donc d’un côté des « courtiers » qui utilisent le digital pour mettre en relation élèves et indépendants et qui proposent des prix bas grâce à une concurrence déloyale (en ne payant ni locaux, ni charges sociales) et, de l’autre, une « edtech » (startup technologique spécialisée dans l’éducation et l’apprentissage) qui propose des prix bas en remplaçant une partie des leçons pratiques par des enseignements en ligne.

Selon les chiffres annoncés, Auto-école.net aurait formé l’an passé 60 000 élèves pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Comme souvent, ces chiffres sont difficiles à vérifier, mais ils permettent de déduire deux éléments :

  1. L’ensemble de ces élèves inscrits n’effectuent pas sur une formation complète (code et conduite). Le panier moyen étant de 250€ / élève.
  2. Auto-école.net est le deuxième acteur du secteur, derrière Ornikar, en termes de chiffres d’affaires (hors formation pro).

La levée de fonds de 10 millions d’euros annoncée vendredi doit lui permettre de continuer son développement et notamment de concurrencer Ornikar (qui avait levé 12 millions d’euros en juillet 2019, NDLR).

Les 10 millions d’euros pour accélérer et se diversifier

Pour Benoît Storelli, la récente levée de fonds doit permettre à Auto-école.net d’aller plus vite sur son cœur de métier. Il souhaite :

  • Améliorer le maillage territorial pour couvrir, à terme, les 100 plus grandes agglomérations de France (contre 30 agglomérations couvertes actuellement).
  • Investir dans le « produit » en améliorant la qualité des applications, le suivi de l’apprentissage des élèves, en développant des simulateurs… L’objectif est de pousser encore plus loin la digitalisation de l’enseignement de la conduite.
  • Investir dans les « talents ». Concrètement, il s’agit de renforcer les équipes enseignantes. Le groupe déclare recruter 20 moniteurs par mois en ce moment.

De l’enseignement de la conduite à l’enseignement de toutes les mobilités

Ces 10 millions d’euros doivent également servir à développer de nouvelles activités et notamment une offre de sécurité routière et d’écoconduite à destination des entreprises, des municipalités et des particuliers, en capitalisant sur les outils déjà développés.

Auto-école.net entends désormais s’adresser « aux entreprises qui ont des flottes automobiles et qui veulent former leurs conducteurs », ou à « des entreprises qui ont des flottes dans les nouvelles mobilités » (vélos, trottinettes, …). L’objectif est d’adresser les problématiques de sécurité autour de ces nouvelles mobilités.

« Notre modèle nous permet ainsi désormais d’envisager avec confiance le déploiement de nos activités sur toutes les formes de mobilité et de réaliser pleinement notre mission qui est d’accompagner tous les Français vers une mobilité plus respectueuse et responsable », explique Stanislas Llurens, co-fondateur d’Auto-école.net.

POUR ALLER PLUS LOIN

Encore un financement avec de l’argent public ?

Lors de la levée de fonds d’Ornikar en 2019, nous avions publié un article intitulé « Ornikar, nouvelle start-up d’État » et montré – chiffres à l’appui – que 10 millions sur les 12 millions d’euros levés avaient été apportés par BPI France.

La levée de fonds d’Auto-école.net a été réalisée auprès de Ring Capital. Le communiqué de presse précisé « Ring Capital [investit] des tickets de € 3 à 15M dans les « scale-ups » françaises pour les accompagner dans leur phase de passage à l’échelle, notamment via l’internationalisation et la croissance externe. […] Les fonds gérés proviennent d’acteurs institutionnels tels que Tikehau Capital et BPI France et d’investisseurs familiaux ou privés. »

S’il ne s’agit pas directement d’argent public comme pour Ornikar, il semblerait donc qu’une partie des fonds apportés par Ring Capital, proviennent indirectement de BPI France.

Pas d’expansion à l’international pour l’instant

Dans son communiqué de presse, Auto-école.net ne mentionne pas de projets d’expansion à l’international. Sage décision ? Peut-être, si l’on en croit les déboires que rencontre Ornikar à l’étranger. La filiale allemande Odokar a été purement et simplement abandonnée (le site a été clôturé ainsi que la page Facebook), quant à la filiale espagnole Obicar, elle a été discrètement renommée Onroad.to …


Décret n° 2020-1264 du 16 octobre 2020 relatif à l’obligation d’équipement de certains véhicules en période hivernale

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Veille juridique Auto-école

Dispositions relatives à l’obligation de port ou de détention d’équipements hivernaux des véhicules visant à améliorer la sécurité et les conditions de circulation en période hivernale. Le décret fixe les modalités d’application de l’article L. 314-1 du code de la… Lire la suite


Yann Lenoir se présente à la présidence du Réseau CER

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Yann Lenoir
Nous sommes allés à la rencontre de Yann Lenoir, gérant du CER Gentilly (94), qui a déposé sa candidature à l’élection à la présidence du réseau CER (550 auto-écoles). L’élection se tiendra le 24 octobre prochain. C’est l’occasion pour nous d’en savoir plus sur son programme et sur ses motivations.

PermisMag : Bonjour Yann, est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots ?

Yann Lenoir : Bonjour ! Je suis enseignant de la conduite depuis 2002, j’ai succédé à mon père en tant qu’exploitant depuis 2006. En parallèle, j’ai repris mes études en sciences de l’éducation et ai obtenu mon BAFM en 2014 me permettant d’être formateur d’enseignants et préventeur au risque routier jusqu’en 2018. Depuis, je me consacre entièrement à la gestion de mon agence de Gentilly et à mon rôle de responsable de région au sein du réseau.

Mon établissement, CER Gentilly, est adhérent à CER Réseau, depuis 1987. Cela fait maintenant 33 ans !

Quel est votre niveau d’implication dans le réseau CER ?

Je suis l’un des 10 membres du Conseil d’Administration de CER Réseau et responsable de la région 01 (correspondant à l’Île-de-France, NDLR). À ce titre, je participe activement à la vie du réseau.

En tant que membre du Conseil d’administration, j’ai une position stratégique. Je suis en quelque sorte l’intermédiaire entre les 103 adhérents de la région et le Conseil d’administration.

Membre du Conseil d’administration, j’ai pu participer à la politique menée par le Président, et en tant que responsable de région, j’ai pu connaître le ressenti sur les initiatives prises par ce dernier.

Quelle est l’actualité du Réseau CER aujourd’hui ?

L’actualité du réseau CER ce sont les élections nationales qui auront lieu le 24 octobre. Ces élections vont permettre aux adhérents d’élire le Président et les membres du Conseil d’administration du Réseau (5 membres du bureau et 5 responsables de région, NDLR) pour les 5 prochaines années.

Vous présentez votre candidature au poste de Président, qu’est ce qui a motivé votre décision ?

Tout d’abord, j’aimerai préciser que cette élection est une grande première ! C’est la première fois dans l’histoire de CER Réseau qu’il va y avoir deux candidats pour le poste de Président. Il ne s’agit pas d’une « passation » comme cela a pu avoir lieu par le passé. Aujourd’hui, ma candidature permet aux adhérents d’avoir véritablement le choix. Cela prouve que notre réseau est démocratique et moderne, je trouve cela très positif !

Maintenant, pour répondre à votre question, ce qui me motive, c’est l’envie de m’investir davantage pour le Réseau. Jusqu’à présent, j’ai été au service des adhérents franciliens. Aujourd’hui, j’ai envie de servir l’ensemble des adhérents CER où qu’ils se trouvent.

Je souhaite utiliser toute mon expérience en tant que chef d’entreprise, en tant que formateur, et en tant que responsable régional, et la mettre au service du collectif. J’ai envie d’insuffler un nouvel élan.

Je souhaite être à l’écoute et accessible. Mon objectif est de fédérer les adhérents, les rassembler pour mieux avancer. Nous avons le devoir de mieux armer les auto-écoles du Réseau pour relever les défis de demain.

Vous vous présentez face à Patrick Crespo [le président sortant, NDLR]. Comment cette candidature a-t-elle été accueillie ?

Ma candidature a été très bien accueillie par la base. J’ai reçu énormément de marques de sympathie et d’encouragement de la part des adhérents du Réseau CER.

Ils ont compris ma grande détermination et mon envie de faire évoluer notre Réseau. Ils ont compris que nous avions construit un vrai programme et que nous comptions être force de proposition.

Justement, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur les principaux points de votre programme ?

Bien sûr ! Mais d’abord, j’aimerai souligner que ce programme est le résultat de nombreux échanges et de discussions avec les adhérents. Il a été co-construit avec et pour les adhérents. Il tient compte des remontées qui me sont faites au jour le jour. Si je suis élu, je continuerai à être à l’écoute et appeler le plus souvent possible les adhérents.

Mon programme comporte trois axes :

  1. instaurer une « culture réseau ». Faire en sorte que les adhérents soient acteurs et non spectateurs des décisions qui sont prises en leur nom. Dans nos statuts on appelle nos adhérents des « membres actifs ». Je veux tâcher qu’ils le soient les impliquant, en les sollicitant. Je souhaite améliorer la communication, la convivialité (organiser des évènements internes). Je souhaite également lutter contre l’isolement et le sentiment d’abandon que connaissent certains en favorisant l’entraide et développer un sentiment d’appartenance.
  2. Je souhaite un Réseau qui soit un apporteur d’affaires. Cela passe par le fait de conclure des partenariats en nombre et par une présence plus efficace sur internet.
  3. Enfin, je souhaite que le Réseau aide ses adhérents à faire face à la concurrence actuelle des nouveaux acteurs. Dans le contexte de déréglementation du secteur que nous connaissons, il est indispensable de s’adapter pour assurer la pérennité de nos entreprises.

Une des difficultés de présider un grand réseau réside dans les grandes disparités qu’il existe entre adhérents (à la fois dues à leur taille et à leur lieu d’implantation). Comment comptez-vous représenter « tous » les CER ?

Mon but n’est pas de prendre la place des adhérents dans leur métier. Ce sont des entrepreneurs, ils savent gérer leur entreprise. Mais plutôt de créer une cohésion entre le conseil d’administration / les responsables de région et départementaux / les adhérents.

Pour cela, je compte organiser des conseils régionaux réguliers sur tout le territoire qui seront composés de tous les représentants locaux afin d’entraîner une dynamique de groupe centrée sur l’échange, le conseil et l’entraide.

Puis, je serais en contact permanent avec les responsables départementaux de tout le territoire grâce à des groupes de discussion privés pour entretenir cette synergie.

Ce serait une erreur de croire que l’on peut faire évoluer un réseau comme le notre en imposant le changement, il faut qu’il soit voulu. Je chercherai donc l’adhésion de la majorité de mes adhérents pour mener à bien mon projet.

Dernière question, une campagne ne se mène pas seul, j’imagine que vous êtes entouré d’une équipe ?

Vous savez, on ne se présente pas à une telle élection sur un coup de tête. Il s’agit d’un projet que je mûri depuis plusieurs mois. Je l’ai construit avec une équipe composée d’une dizaine personnes, cinq d’entre eux sont d’ailleurs candidats lors de cette élection. À ceux-là s’ajoutent des dizaines de « sympathisants » partout en France et je voudrai saisir cette occasion pour les saluer et les remercier.


Évaluation de départ à distance : attention danger !

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evaluation de depart simulateur ediser
Lors de l’examen du projet de loi Accélération et simplification de l’action publique (ASAP), Damien Adam – le député LaREM de Seine-Maritime (76) – a déposé un amendement visant à supprimer l’obligation d’organiser l’évaluation de départ dans le véhicule ou dans les locaux de l’établissement. L’amendement a été rejeté par le Sénat, mais il passe ces jours-ci en première lecture devant l’Assemblée nationale.

L’amendement du député Adam vise à supprimer les mots : « dans le véhicule ou dans les locaux de l’établissement » de l’article L. 213‑2 du code de la route. Il permettrait de facto la généralisation de l’évaluation de départ à distance, sans que l’élève n’ait à se rendre physiquement à l’auto-école.

Des justifications douteuses

Dans sa présentation de l’amendement, le député Adam avance des arguments étranges. Selon lui, « cette évaluation préalable prend généralement la forme d’un questionnaire sur tablette ». Cette affirmation révèle une méconnaissance du fonctionnement de très nombreuses écoles de conduite qui proposent une évaluation de départ en voiture ou sur simulateurs (dont le rapport Dumas encourageait d’ailleurs l’achat).

Plus loin, le député Adam avance un autre argument surprenant : « cette obligation est d’autant plus contraignante dans le contexte sanitaire que nous connaissons ». Utiliser la pandémie de Covid-19 comme prétexte pour mettre fin à l’évaluation de départ en présentiel relève de la malhonnêteté intellectuelle. En effet, effectuer une évaluation de départ dans les locaux ou dans le véhicule de l’auto-école ne présente pas plus de risques qu’une leçon de conduite ou un cours sur simulateur. La réalité est à chercher ailleurs…

Un amendement taillé sur-mesure pour les plateformes

Cet amendement semble avoir été dicté au député Adam par les plateformes en ligne (Ornikar, En Voiture Simone, Le Permis Libre) et leurs lobbyistes. En effet, depuis l’entrée en vigueur du contrat type au 1er juillet 2020, ces auto-écoles en ligne ne peuvent pas respecter le contrat type et sont donc dans l’illégalité.

  • L’évaluation de départ ne peut pas être réalisée dans les locaux puisqu’ils n’en ont pas ;
  • Dans certains cas, l’évaluation de départ est réalisée en voiture mais postérieurement à la signature du contrat et au paiement de l’élève. Elle est faite au moment de la première heure de conduire (ce qui est également contraire à la législation).

Autoriser l’évaluation de départ à distance permet de résoudre cette « difficulté » rencontrée par les auto-écoles en ligne. Plutôt que de contraindre tous les acteurs à respecter la loi, certains préfèrent essayer de changer les lois…

Quelles conséquences concrètes d’une évaluation de départ à distance?

Conséquence n°1 : La réécriture du contrat type

Si l’amendement est voté tel quel, le contrat type devra être réécrit et un nouvel arrêté devra être publié. En effet, la version actuelle du contrat type contient la phrase suivante « En application de l’article L. 213-2 du Code de la route, le présent contrat est conclu après une évaluation préalable du candidat dans le véhicule ou dans les locaux de l’école de conduite, afin de déterminer le nombre prévisionnel d’heures de formation pratique et / ou théorique à la conduite nécessaires. »

Ce processus prendrait plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Conséquence n°2 : Une évaluation de départ vidée de son sens

L’évaluation de départ sert de base au contrat de formation qui régit la relation entre l’auto-école et l’élève. Elle a deux utilités :

D’une part, elle permet à l’élève de connaître le volume horaire approximatif dont il aura besoin (et donc d’estimer le coût de sa formation) avant de s’engager. Et, d’autre part, elle permet à l’élève d’avoir un aperçu des moyens pédagogiques et de l’accompagnement qu’il pourra avoir tout au long de sa formation.

Un élève qui juge qu’une auto-école lui préconise un nombre trop important de leçons de conduite est libre d’aller faire une évaluation de départ dans une autre école de conduite avant de s’engager.

Le fait de permettre une évaluation de départ à distance vide celle-ci de tout son sens. L’évaluation de départ à distance sera moins précise et ne permettra pas à l’élève de connaître à l’avance les coûts qu’il risque d’engager pour sa formation. Elle ne permettra pas non plus à l’élève de « tester » la pédagogie et l’accompagnement de l’auto-école avant de s’engager.

L’évaluation de départ à distance présente le risque que les plateformes tirent le volume d’heures vers le bas. Leur objectif est de vendre un pack 20 heures avec un prix d’appel le moins cher possible, pas de faire la transparence sur le coût de la formation! L’évaluation de départ à distance marquerait la fin de l’individualisation des parcours de formation.

Le rapport Dumas voulait plus de transparence, une meilleure information et une facilité plus grande pour comparer les offres de formation à la conduite… cet amendement propose tout l’inverse !

Conséquence n°3 : risque de fraudes et nullité du contrat type

Sauf à mettre en place des systèmes biométriques sophistiqués (reconnaissance faciale, empreintes digitales, etc.), rien ne garantit que la personne évaluée à distance, sur tablette, ne soit réellement la personne qui signe le contrat et qui effectue la formation.

Dans ce cas, la portée juridique du contrat type pourrait être nulle. En effet, un contrat passé entre un élève et une auto-école, basé sur une évaluation de départ réalisée par un tiers n’aurait aucune valeur.

Comment une auto-école pourra-t-elle s’engager à former (dans un volume d’heures donné) et un présenter à l’examen un candidat, sans avoir la certitude que c’est bien lui qui a effectué l’évaluation de départ ?

Par ailleurs, si l’on suit la logique du député Adam, l’examen du code de la route se passe sur tablette, pourquoi ne pas permettre aux élèves de passer le code de la route depuis chez eux? C’est absurde!

Conséquence n°4 : la nécessité de normaliser l’évaluation

Dans l’éventualité où le législateur souhaiterai tout de même rendre possible l’évaluation de départ à distance, il faudrait impérativement normaliser et encadrer la pratique de l’évaluation de départ.

  • Premièrement, garantir l’identité de la personne qui effectue l’évaluation (comme indiqué au point précédent).
  • Deuxièmement, il faudra encadrer les modalités d’évaluation et garantir leur homogénéité. Pour être valable, une évaluation de départ à distance doit donner la même estimation qu’une évaluation de départ en présentiel. Si ce n’est pas le cas, les risques de dérives sont nombreux.

Les auto-écoles qui prennent la peine de faire une évaluation de départ en voiture et d’informer objectivement l’élève de son besoin de formation seraient alors pénalisées par rapport aux auto-écoles et au plateforme proposant une « évaluation de départ en ligne » qui minorerait le nombre d’heures de formation (et tromperait les élèves sur le coût approximatif de leur formation).

Une solution serait que le Ministère de l’Intérieur fournisse un cahier des charges très strict pour ces évaluations de départ et que les évaluations de départ en ligne fassent l’objet d’une certification, par un organisme tiers. Cela semble hautement improbable…

Conséquence n°5 : Une hausse des conflits en auto-école

Dernière conséquence prévisible, une évaluation de départ réalisée à distance risque d’entraîner une hausse des conflits en auto-école.

Le risque est double : certains élèves pourraient être tentés de s’appuyer sur une évaluation de départ effectuée en ligne pour demander à signer un contrat avec le même nombre d’heures dans une autre auto-école. Il sera alors compliqué d’expliquer en quoi l’évaluation en ligne n’est pas fiable et/ou n’engage que l’auto-école qui la propose.

Par ailleurs, certains élèves pourraient utiliser une évaluation de départ effectuée en ligne pour refuser de prendre des heures supplémentaires et forcer le passage à l’examen. En effet, le nouveau contrat type prévoit la signature d’un avenant dès lors que l’élève dépasse le volume d’heure initial prévu au contrat (« […] un complément d’heures de formation pourra être proposé par l’école de conduite. L’élève a la possibilité d’accepter ou de refuser. En cas d’accord, un avenant au présent contrat sera signé entre les parties »).

Les conséquences de l’abandon de l’évaluation de départ en présentiel, dans les locaux ou le véhicule de l’auto-école, seraient donc plus que néfastes. Ceci étant dit, rien n’est encore joué et les organisations professionnelles jouent leur rôle en alertant députés et sénateurs sur les risques encourus par les auto-écoles et surtout par les élèves. Si l’amendement est adopté par l’Assemblée nationale, il sera ensuite examiné par la commission mixte paritaire, avant éventuellement de revenir devant l’Assemblée nationale. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés.

Dans le reste de l’actualité cette semaine

Un nouvel opérateur de code autorisé

L’opérateur FRANCE CODE a reçu l’agrément ministériel pour opérer des examens du code de la route pour une durée de 10 ans. Consulter l’arrêté

IXIO placé en liquidation judiciaire

Le Tribunal de Commerce de Bobigny a décidé la mise en liquidation du groupe IXIO. Acteur important dans la formation, il comptait 11 entreprises indépendantes, 27 centres et 260 salariés. Le sort des filiales reste en suspens, mais des repreneurs devraient se manifester. En savoir plus


Profitez de l’automne pour vous former!

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Nous vous parlions la semaine dernière de la pénurie de moniteurs et des difficultés rencontrées par certains centres de formation. Nous restons dans le même thème cette semaine en vous présentant les principales formations que vous pouvez effectuer, ainsi que les organismes qui les proposent!

Formations obligatoires

Titre pro ECSR

Le titre professionnel « Enseignant de la Conduite et de la Sécurité Routière » (ECSR), remplace le BEPECASER. Il est obligatoire pour devenir enseignant de la conduite (plus communément appelé « moniteur auto école »).

Formation proposée par:

CQP RUESRC

Anciennement « Capacité de gestion Auto-école », le Certificat de Qualification Professionnelle « Responsable d’Unité d’Enseignement de la Sécurité Routière et de la Conduite » s’adresse à ceux qui souhaitent reprendre une école de conduite.

Formation proposée par:

Réactualisation des connaissances

Tous les exploitants d’auto-école en activité ont l’obligation de suivre ce stage tous les 5 ans pour obtenir l’attestation indispensable au renouvellement de leur agrément (arrêté du 18 décembre 2002).

Formation proposée par:

Évaluation des risques professionnels

Formation destinée à vous aider à évaluer les risques liés à votre entreprise et à votre métier. Apprendre à rédiger et tenir à jour votre Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels, obligatoire depuis 2001 si vous employez au moins un salarié.

Formation proposée par:

Formations spécifiques

VAE – Titre pro ECSR

La Validation des acquis de l’expérience (VAE) permet aux enseignants diplômés du BEPECASER d’évoluer professionnellement en présentant les épreuves du Titre pro ECSR, et préparer par la suite les CCS 2 roues ou CCS groupe lourd.

Formation proposée par:

Mention 2 roues (CCS 2 roues)

Le Certificat complémentaire de spécialisation (CCS) 2 roues, ou mention 2 roues, est destiné aux candidats désirant enseigner la conduite et la sécurité routière 2 roues, à titre onéreux.

Formation proposée par:

Mention groupe lourd (CCS groupe lourd)

Le Certificat complémentaire de spécialisation (CCS) du groupe lourd est destiné aux candidats désirant enseigner la conduite et la sécurité routière Groupe Lourd, à titre onéreux.

Formation proposée par:

GTA – Stages de récupération de points

La Gestion Technique et Administrative (GTA) est une formation destinée aux personnes responsables des CSSR, chargés d’organiser les stages de sensibilisation à la sécurité routière.

Formation proposée par:

Formation audit

Audit marketing, financier, évaluation des risques

Un consultant-formateur se déplace dans votre établissement et dresse avec vous un bilan des forces/faiblesses et des axes d’amélioration de votre école de conduite. Il dure environ une journée.

Formation proposée par:

Formations perfectionnement

Accueil-Vente-Conseil / Développement commercial

Deux formations destinées aux secrétaires, exploitants et enseignants de la conduite afin d’améliorer vos capacités d’accueil et de conseil ; et construire une offre commerciale.

Formation proposée par:

Management-GRH

Formations destinées aux secrétaires, exploitants et enseignants de la conduite afin d’apprendre à recruter, encadrer, motiver et fidéliser son personnel. Apprendre à déléguer efficacement, maîtriser son temps et gérer ses priorités.

Formation proposée par:

Éco-conduite

Destinée aux enseignants de la conduite et exploitants, elle permet de maîtriser et mettre en œuvre les principes de la conduite économique (théorie et pratique) et de savoir réaliser un audit d’éco-conduite.

Formation proposée par:

Animation RDV post-permis

Formation destinée aux enseignants de la conduite et exploitants désireux de proposer la formation complémentaire post-permis aux jeunes conducteurs telle que définie dans l’arrêté du 10 mai 2019.

Formation proposée par:

Animation RDV pédagogiques

Destinée aux enseignants de la conduite cette formation aide à comprendre les principes d’animation et utiliser les techniques pédagogiques adaptées aux rendez-vous préalables et rendez-vous pédagogiques.

Formation proposée par:

Perfectionnement des Enseignants de la conduite

Réactualiser les connaissances de vos enseignants avec les nouveautés à connaitre en matière de sécurité routière, pédagogie, psychopédagogie, règlementation, transition vers le REMC…

Formation proposée par:

Gestion des conflits et de l’agressivité

Reconnaitre et caractériser l’agressivité et les situations conflictuelles dans l’environnement de l’école de conduite. Mettre en œuvre la posture et les outils facilitant la résolution des situations d’hostilité.

Formation proposée par:

Les centres de formation

Vous souhaitez plus d’informations sur le contenu des formations, leur tarif ou les dates des prochains stages. Contactez directement les centre de formation.

Davantages Formation

26 rue Émile Decorps
69100 Villeurbanne
Tél : 04 72 81 51 70
Site : davantages.com

Secteurs : France entière

Lyre formation

Lyre Formation

5 rue des Frères Lumière
78370  Plaisir
Tél : 06 12 95 97 58
Site : lyreformation.com

Secteurs : Île de France

Vauban Formation

19 bis rue Robert Schumann
54850 Messein
Tél : 03 83 26 83 83
Site internet : www.vauban-formation.fr

Secteurs : Grand-Est

CERP

47 avenue du Général de Gaulle
93110 Rosny-sous-Bois
Tél : 01 45 28 39 42
Site : cerponline.fr

Secteurs : Île de France

La liste des centres de formation présentée dans cet article n’est pas exhaustive, si vous souhaitez figurer sur l’annuaire PermisMag, n’hésitez pas à nous envoyer un mail à contact@permismag.com


Auto-écoles cherchent enseignants désespérément

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pénurie moniteur auto-école

« Recherche enseignant de la conduite H/F… ». Depuis le dé-confinement les annonces se multiplient sur les réseaux sociaux, les sites d’offres d’emploi spécialisés, les groupes Whatsapp, etc… En région parisienne comme en province, le phénomène prend une telle ampleur que l’on peut parler d’une véritable pénurie d’enseignants de la conduite. Cette pénurie a des causes à la fois structurelles et conjoncturelles. Nous vous proposons quelques pistes de réflexion sur son origine et les moyens d’y faire face.

C’est un fait, en ce moment, énormément d’auto-écoles recrutent ou y songent sérieusement. Les annonces se multiplient mais les candidats ne se pressent pas pour pourvoir les postes disponible. Comment en est-on arrivés là?

Des causes anciennes bien connues

La pénurie actuelle d’enseignants trouve son origine dans la crise que connaissent les centres de formation de moniteurs depuis 3-4 ans, suite à la réforme du mode de financement de ces formations. Tous les quatre ans, les régions procèdent à des appels d’offre auprès des centres de formation pour former les demandeurs d’emploi. La façon dont ces appels d’offres sont rédigés favorise implicitement les acteurs les plus importants, au détriment des structures plus petites, à tel point que plusieurs centres de formation de moniteurs ont fermé ces dernières années.

Dans le même temps, le BEPECASER (Brevet pour l’exercice de la profession d’enseignant de la conduite automobile et de la sécurité routière) a été remplacé par le Titre professionnel ECSR. De nombreuses écoles de conduite ont eu des réticences à embaucher des « titres pro » (à tord ou à raison, nous n’entrerons pas dans ce débat ici). Considérés comme étant moins bien formés, plus chers pour l’entreprise (en termes de rémunération)… certains ont eu du mal à trouver un emploi, voire ont été contrains de changer de secteur. Ce phénomène n’a en rien été arrangé par les cas de « vente » de titre pro par des centres de formation malhonnête.

Interrogé, le responsable d’un centre de formation nous a confié que la pénurie venait également d’un changement dans la composition des apprentis formateurs. « Il y’a quatre ans, on avait 75% de demandeurs d’emploi envoyés par Pôle emploi. Ces personnes étaient motivées pour trouver un poste à l’issue de la formation. Aujourd’hui, ils ne représentent pas plus que 10% et on a 85% de personnes en reconversion professionnelles ou qui font une formation complémentaire [des chauffeurs de bus, par exemple], dont « une grosse moitié » souhaite devenir indépendants et travailler en complément de leur emploi salarié ».

On a donc moins de centres de formation, formant des candidats dont l’activité d’enseignant de la conduite ne sera pas forcément l’activité principale, et qui sortent avec un « diplôme » moins valorisé.

Si l’on ajoute à cela les plateformes internet qui, depuis des mois, tentent par tous les moyens de convaincre des enseignants de les rejoindre en tant qu’indépendants… en dépit de toute rationalité (voir notre article Moniteurs d’auto-écoles en ligne : la précarité comme seul horizon) et les départs non remplacés (retraite, fermetures d’auto-écoles avec des gérants et salariés qui quittent le métier). Tous les ingrédients sont réunis!

Un effet de rattrapage depuis le dé-confinement

Il ne manquait plus qu’une étincelle pour que la situation devienne explosive et cette étincelle est apparue au printemps avec la pandémie de Covid-19.

En effet, avec la fin du confinement, les auto-écoles ont vu le retour de leurs élèves en cours de formation mais aussi l’inscription de nouveaux élèves qui auraient normalement dû s’inscrire pendant les mois de confinement.

Cette situation – positive pour les trésoreries – n’est pas sans poser d’autres problèmes et les auto-écoles sont aujourd’hui confrontées à un effet de rattrapage. Les élèves qui se sont inscrits fin-mai / début juin ont fini, après quelques semaines, par obtenir leur code de la route et ils souhaitent désormais effectuer leurs leçons de conduite. Ils sont en concurrence avec les élèves qui étaient déjà en formation au moment de la mise en place du confinement et qui doivent continuer à conduire en attendant de passer (ou repasser) l’examen. La pénurie de places d’examens, qui va mettre du temps à se résorber, n’arrangeant rien…

Le résultat de tout ça? Des plannings surchargés et des élèves s’impatientent de plus en plus…

Embaucher ou ne pas embaucher?

Telle est la question! Et la réponse n’est pas évidente… À court terme, il est nécessaire de répondre à un besoin ponctuel de main d’oeuvre afin de dispenser les leçons de conduite aux élèves. Ce besoin ponctuel risque de durer plusieurs mois, le temps que la situation se normalise.

À moyen-long terme, il n’est pas évident que ce besoin de main d’œuvre soit toujours là. Il est donc nécessaire, pour tout chef d’entreprise, de se poser la question au vu du développement de leur entreprise – non pas sur les 3 derniers mois – mais sur les 12 à 18 derniers mois.

Si la hausse envisagée est temporaire, mieux vaudra avoir recours aux heures supplémentaires pendant quelques mois, quitte à réduire les horaires d’ouverture des bureaux et les permanences de code. En revanche, si l’auto-école connait une hausse de son activité depuis la période pré-confinement, un recrutement s’impose.

De nombreux sites sont à votre disposition pour laisser des annonces : AGX Annonces, Pôle Emploi et… PermisMag! Nous avons ajouté une nouvelle rubrique Offres d’emploi il y a quelques mois déjà. Par ailleurs, il est important de poster des offres sur Pôle Emploi, car même si vous ne recrutez pas vos enseignants par ce biais là, Pôle Emploi doit absolument être au courant des besoins de recrutement pour pouvoir allouer des budgets à la formation des futurs enseignants.

Bon courage à tous et bonne reprise!


Arrêté du 24 août 2020 modifiant l’arrêté du 13 avril 2016 relatif au certificat de qualification professionnelle « responsable d’unité(s) d’enseignement de la sécurité routière et de la conduite »

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Veille juridique Auto-école

Accès au certificat de qualification professionnelle « responsable d’unité(s) d’enseignement de la sécurité routière et de la conduite » (CQP RUECSR). L’arrêté modifie l’arrêté du 13 avril 2016 relatif au certificat de qualification professionnelle « responsable… Lire la suite


Arrêté du 24 août 2020 relatif à l’expérimentation d’une signalisation relative aux voies de circulation réservées à certaines catégories de véhicules sur certains axes

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Veille juridique Auto-école

Expérimentation d’une signalisation routière relative aux voies réservées à certaines catégories de véhicules. De nombreux gestionnaires souhaitent mettre en place une signalisation expérimentale pour matérialiser une voie réservée aux véhicules de transport en… Lire la suite


Permis de conduire : Le Ministère impuissant à faire respecter la loi

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Il y a un peu plus de 6 mois, nous publiions un article intitulé « Mon Compte Formation: le nouveau Far West du permis de conduire » dans lequel nous dénoncions le manque de contrôle sur la plateforme. Les mois ont passé, et il n’est plus une semaine sans que de nouvelles pratiques frauduleuses apparaissent… dans l’indifférence la plus complète de la Délégation à la sécurité routière (DSR), de la Caisse des Dépôts et du Ministère de l’Intérieur.

Le permis de conduire en vente sur Cdiscount

Début juillet, Cdiscount et Le Permis Libre annonçaient avoir conclu un partenariat pour proposer la vente de formations au code de la route et à la conduite dans 11 villes de France. La presse grand public s’empressait de relayer l’information, sans  s’interroger à aucun moment sur la légalité d’une telle opération.

Le permis de conduire « vendu et expédié » par Cdiscount

En effet, outre le fait qu’une telle opération ramène la formation à la conduite à un simple produit de consommation, elle ne respecte pas les dispositions du code de la route.

  • Sauf preuve du contraire, Cdiscount qui fait la publicité et « vend » (sur le papier du moins) ces formations ne dispose pas d’agrément préfectoral ;
  • Aucune évaluation de départ n’a lieu avant le paiement de la formation et l’inscription de l’élève auprès du Permis Libre. Depuis la mise en place du contrat-type, le jour ainsi que les modalités de l’évaluation de départ doivent figurer dans le contrat. Ce qui est ici impossible.

Cdiscount et Le Permis Libre proposent d’ « acheter » le permis de conduire pour 729€. Le produit est affiché « En stock ».

Sans parler des chiffres toujours aussi fantaisistes mis en avant par Le Permis Libre et susceptibles de s’apparenter à de la publicité mensongère : « LE PERMIS 35% MOINS CHER QU’EN AUTO-ECOLE », « CODE 16X MOINS CHER QU’EN AUTO-ECOLE ! ». Des chiffres avancés sans aucun base fiable, calculés à partir d’échantillons non représentatifs (50 auto-écoles sur 13 000) ou alors comparant des prestations qui sont différentes (un accès code en ligne / une formation au code en salle avec enseignant).

La liste des infractions ne s’arrêtent pas là, Le Permis Libre fait passer son agrément préfectoral pour une « certification », ce qui est trompeur et qui est contraire aux articles L.433-3 et suivants du Code de la consommation qui définissent précisément cette notion de « certification ».

Utilisation du terme « certification » contraire au code de la consommation.

Il faut désormais payer pour avoir une chance d’obtenir une place sur Candilib

Les délais d’attente très longs imposés aux candidats libres dans les départements expérimentant Candilib a donné des idées à certains. Sur Twitter, un compte propose désormais de vous obtenir une place rapidement sur Candilib moyennant 8€50.

Le service de « réservation » de place d’examen

Le compte Twitter, renvoie les personnes intéressées sur un forum Discord, un logiciel très utilisé dans la communauté des joueurs de jeux vidéo, où des conseils sont dispensés de manière plus discrète.

De quoi s’agit-il ? Le principe est simple (en apparence). Une fois que le candidat libre a payé le service via Paypal, un robot se charge de le notifier dès qu’une place est mise à disposition sur Candilib. Cela lui confère un avantage certain et lui évite d’avoir à passer ses journées sur le site à guetter les rares places d’examen.

Le mode de fonctionnement du service

S’il ne s’agit pas de « vente » de place d’examen au sens strict, ce service payant confère à ceux qui l’achètent une longueur d’avance sur les candidats libres qui ne le payeraient pas. Il est tout de même étonnant que les systèmes informatiques du Ministère permettent à ce genre de robots de récupérer de manière automatisée les disponibilités de places d’examen.

Ces dérives étaient prévisibles et prévues, nous en parlions déjà dans notre article sur le fonctionnement de RDVPermis au mois de février. Et dire que le Rapport Dumas voulait rendre le permis moins cher…

Ornikar et Formalliance proposent des formations à la conduite sur Mon Compte Formation sans en avoir le droit

La demande pour les financements des formations au permis de conduire par le biais du compte personnel de formation (CPF) explose. Ornikar, l’a bien compris et a noué un partenariat avec l’organisme de formation Formalliance afin de proposer à ses élèves ce type de financement.

Capture d’écran du site de Formalliance (http://formation-alliance.com/)

Cette pratique est pourtant interdite et elle va à l’encontre des règles de publication sur la plateforme Mon compte formation. En effet, il est clairement indiqué dans les « Règles d’éligibilité » que l’organisme qui publie l’offre de formation doit disposer d’un agrément préfectoral. C’est le cas d’Ornikar, mais ce n’est pas le cas de Formalliance. Preuve en est qu’il est fait référence à l’agrément d’Ornikar dans le contenu des offres de formation.

La Caisse des Dépôts et consignations qui gère Mon Compte Formation a été alertée mais n’a pas retirée les offres pour l’instant.

Autre « curiosité », le tarif des offres de formation :

  • 600€ pour 10 heures de conduite ;
  • 1150€ les 20 heures de conduite ;

Offres de formation publiées par Formalliance / Ornikar sur Mon Compte Formation.

Ornikar qui communique sur tous les supports disponibles sur ses formations « moins chères qu’en auto-école » propose – sur Mon Compte Formation – des prix quasiment multipliés par deux. Ces prix supérieurs à ceux que pratiquent Ornikar en temps normal lèse les élèves dans la mesure où ils doivent mobiliser une portion plus importante de leurs droits à formation… pour avoir droit à une formation équivalente.

Ces trois exemples de pratiques douteuses démontrent qu’il est aujourd’hui possible de s’affranchir du respect des règles et des lois, au vu et au su de tous, sans que les pouvoir publics ne réagissent et ne prennent les mesures nécessaires pour faire respecter l’état de droit.


[Tribune] Le permis c’est cher !

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Cette semaine nous avons choisi de reproduire une tribune en forme de « coup de gueule » publiée par Pierre Frugier, un gérant d’auto-école en Maine-et-Loire. Ce texte écrit quelques jours après le dé-confinement exprime un ras-le-bol assez généralisé dans la profession. Entre le manque de places d’examen, la mise en place du protocole sanitaire, l’annonce de sa modification, puis l’annulation de la mesure deux jours plus tard… nombre d’entre vous ne veulent qu’une chose: qu’on les laisse travailler.
Le coup de gueule de Pierre s’accompagne de la mise en ligne d’un site internet lepermiscestcher.fr, à destination des futurs candidats au permis de conduire. Ce site est amené à évoluer par la suite, si vous avez des suggestions, laissez un commentaire en bas de l’article.
Vous trouvez cette initiative intéressante, n’hésitez pas à ajouter un lien sur votre site internet ou sur vos réseaux sociaux!

 

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LE PERMIS C’EST CHER !

Sortie de confinement après 2 mois de fermeture administrative sur ordre du grand patron… Coup de gueule, Juin 2020.

Madame, Monsieur,
Cher lecteur, concurrent, simple curieux ou les deux,

Ce putain de permis coûte cher, c’est vrai ! Et pas de bol, il vient d’augmenter encore car ce cher COVID-19 a laissé et va laisser des traces. À l’instar de notre pays, aucune entreprise (ou presque) n’a les moyens financiers de tenir 2 mois sans entrée d’argent. Résultat pour les actuels survivants une évidente augmentation des prestations, ou alors une évidente fermeture à venir… 7 années à me donner pour ma petite boîte « corps et âme », comme on dit. Ce sympathique petit rythme, du lundi matin au samedi soir, en full, en roues libres !

Ton gosse malheureux, car papou n’est jamais là, ta femme qui en vient à détester ton entreprise et son gérant ; Et toi, la gueule dans le guidon comme un con, à faire ce choix de l’entreprise d’abord, pour l’avenir, parce que ce sera mieux après etc… Mais tout ça, ce ne sont que des excuses, simple course après les charges qui pèse sur le dos du patron. Avoir son entreprise à soi, c’est délaisser ses enfants, entreprendre de briser la vie de sa femme, entretenir l’ulcère à venir et risquer l’alcoolisme par besoin de remplacer celle qui nous a quitté, parce qu’elle avait raison. Elle a toujours raison. Elles ont toujours raison. On en pense tous la même chose, nous les patrons, on y va car on aime ça… Comme un soupçon de masochisme. Le chef d’entreprise aime la douleur, il aime ça et en redemande ! S’il est bon, c’est qu’il est un peu narcissique et que cette merde c’est la sienne, son bébé. Après tout, qui a déposé ses baloches sur la table du banquier ?

Bon, revenons à nos petites affaires, j’ai ma petite auto-école, 5 salariés, nous produisons autour de 250 permis B par an. Avec le reste de nos prestations, nous tournons autour de 300K€ de CA HT/an. OUAH putain les enfoirés, ils doivent s’en mettre plein les poches ! Non ? Comment ça non ? Avec un coût du permis de conduire en France en moyenne à 1800 balles (toutes prestations comprises et avec 20H)… En vérité ce permis coûte bien souvent plus près de 2000€, car vos petits génies se cognent en moyenne 30/35H de conduite avant d’avoir enfin le niveau !

Merde Pierrot tu peux pas dire ça quand même ! Si ? Bon bah il l’a dit ! Ah comme la vérité brûle la rétine ! Ton enfant si cher, j’ai le regret de te le dire, est brillant, oui brillant t’as bien entendu. La seule chose, c’est que tu n’as encore pas perçu cette donnée, car tu vis avec et que tu t’efforces à en faire le reflet de ce que t’aurais aimé être. Ce fameux « je veux le meilleur pour mon enfant ». Rassure toi lecteur, c’est normal et tout à ton honneur ! Bref, tout ça pour dire qu’il est brillant, dans plein de domaines où nous les vieilles semelles, on est comme des retraités devant un réseau social en forme de pouce bleu. Oui, brillant, mais pas du tout au volant. Et non, désolé, il a pourtant un papa pilote … Attendez monsieur Frugier, moi quand j’étais gamin j’avais pas autant d’heures, j’ai aujourd’hui tous mes points et 50% de bonus ! (celui là c’est le fameux papa qui achète plus une bagnole pour sa représentation sociale que pour se déplacer…celui qui couche plus souvent avec sa
voiture qu’avec sa femme).

Et oui mais non hein ! Ce n’est pas si simple, Il va lui en falloir du temps et du TRAVAIL à ton petit protégé, pour qu’il atteigne le niveau. Fini les soirées à s’astiquer les chromes ; fini de faire des expériences pour savoir si les 3 principaux de ses doigts sont plus longs ou plus courts que la profondeur de son cul ! En revanche, une fois ce putain de carton rose en poche, il sera un bien meilleur conducteur que nous l’étions à notre époque. Le niveau de l’examen ayant grimpé depuis 20 piges.

Bon Pierrot, recentre toi sur l’objectif, l’apologie du LOW COST, oui le FAIBLE COÛT, car on
aime bien mettre des mots français au style anglais, ça claque !

Madame, Monsieur, si vous pouvez croire que le permis de conduire peut vous coûter 3 fois moins cher ailleurs, foncez ! N’allez surtout pas dans une auto-école de proximité, vous allez vous faire saigner ! LE PERMIS PAS CHER est un oxymore, une usurpation de votre bon sens, on vous prend pour des cons… En revanche, pour les con-vaincus, j’ai le regret de vous annoncer que vous êtes soit crédule, soit définitivement le miroir de ce pour quoi on vous prend !

Pour les anciens crédules, ceux d’avant la lecture du verbe, quelques chiffres qui vont vous aider à comprendre de quoi il s’agit : En France, la rémunération moyenne d’un exploitant auto-école se situe à 1500€/mois…Pour 60h de boulot hebdomadaire. Une entreprise comme la mienne, sur laquelle bouffent 6 familles, (et sauf erreur de ma part, aucune ne roule en Porsche…) verse 54 K€/an à l’URSSAF (pour les salariés) ; 20% de tout ce que vous nous payez à l’État français (son petit nom c’est la TVA) ; près de 20 K€ de carburant/an (hors taxes) ; 11 K€/an aux assurances ; 25 K€/an pour la location des véhicules… Et je vous en passe car j’ai moi-même la tête qui tourne…

La France, compte environ 800 000 permis de conduire/an, pour un ticket moyen de 350€ de TVA par permis, c’est à dire au cas où t’aurais pas bien imprimé, par petit brillant qui passe le précieux carton. Soit un gain direct dans la poche du roi, de 2,8 x 10^8… Merde je crois que ma calculatrice vient de se faire larguer par sa femme !

Bah oui mon lapin, ça y’est, t’as enfin eu une illumination ? Oui l’escroc c’est pas ton auto-école de quartier, celle qui se saigne pour que ton ados boutonneux obtienne sa liberté et quitte enfin le foyer parental. Celle qui aimerait pouvoir mieux payer ses salariés. Celle qui en plus par dessus le marché, ne l’oublions pas, reste d’abord et avant tout une entreprise comme une autre, qui donc aimerait bien gagner un peu de cet argent !

Alors oui Mesdames et Messieurs, le permis c’est cher ! Oui ça fait un trou dans le porte feuille, mais le permis c’est pour la vie. A côté de ce que vous coûtera le carburant, l’assurance, l’entretien, ce n’est que peu ! Si peu ! Le véritable problème réside dans 2 données, la première étant bien évidemment que le gouvernement voudrait faire de notre savoir faire un produit de con-sommation, alors même qu’il vous pompe à chaque prestation. La seconde étant que vous ne regardez que peu à la consommation du plaisir ; et que ce putain de permis passe pour une contrainte ! Cette fameuse obligation car pas le choix pour le boulot tout ça…Ah c’est sûr que les sports d’hiver, c’est plus attirant, le dernier smartphone à la mode aussi !

Bref, vous l’aurez bien compris, derrière le soit-disant pas cher se cache le loup (perso moi mes enfants en ont la trouille, du loup!), vous allez en avoir pour votre argent ! On ne fait pas du chocolat noir avec de la merde mesdames et messieurs !

Alors s’il vous plaît, avant d’aller vous engouffrer dans ce genre de structures, prenez le temps de réfléchir, retirez la TVA du contrat ; et demandez vous si la promesse qui vous est faite par le low cost est bien crédible ? Faites les choses dans l’ordre, rencontrez, interrogez, ne signez jamais un contrat trop alléchant. Ne signez jamais un contrat sans évaluation préalable. Ne signez jamais pour le minimum car il est extrêmement rare. Dans ce monde ultra connecté d’aujourd’hui, il vous sera très simple d’aller chercher des avis vérifiés sur votre auto-école. Si votre auto-école de quartier a bonne presse, ce n’est pas un hasard. Cette réputation chère aux gérants de ces établissement ne s ‘est pas faite en un jour, derrière ces résultats il y a la sueur et le dévouement des gérants et leurs équipes.
Je termine ces quelques mots par des remerciements à ma banquière, mon comptable, mon assureur, mes partenaires de renom. Mes amis, ma famille, ma femme évidemment, mes enfants. Merci aux potes de l’asso qui me guident, m’inspirent de par leur expérience.
Merci bien sûr à ma clientèle qui m’a fait, qui me connaît bien, qui me fait confiance, qui me reconnaîtra bien!

Voilà c’était mon p’tit coup de gueule à moi, mon exutoire. Merde à cette société de vitesse et de consommation, merde aux crédules et merde aux cons.

Pierre Frugier