Guerre en Ukraine : les auto-écoles touchées par la hausse des prix de l’essence

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hausse des prix des carburants
La guerre en Ukraine déclenchée il y a bientôt trois semaines par la Russie a un impact direct sur les cours du pétrole et cela se répercute immédiatement sur les prix des carburants, qui sont au plus haut. Les écoles de conduite sont fortement touchées par cette flambée des prix à la pompe et cherchent des solutions pour y faire face.

Une hausse spectaculaire par son ampleur et sa rapidité

Tous les automobilistes, particuliers comme professionnels, l’ont remarqué : depuis le début de l’année le prix de l’essence a explosé. Après s’être effondrés aux alentours de 1,15/1,20€ le litre au printemps 2020, pendant le premier confinement, on avait constaté un retour à la normal courant 2021 et un début d’envolée en fin d’année, sous fonds d’exercices militaires russes à la frontière ukrainienne.

Source Le Parisien

Le déclenchement de la guerre le 24 février 2022 (et les annonces de sanctions qui ont suivi) ont agi comme un détonateur sur les cours du pétrole et par répercussion sur le prix de l’essence. Comme le souligne Le Figaro dans un article du 14 mars « le prix du litre de gazole a bondi de 40 centimes en deux semaines ».

Sur un an, les prix à la pompe pour le Sans Plomb ont augmenté de 50-55 cents / litre et de plus de 70 cents / litre pour le Diesel, soit une hausse du poste « carburant » de 30 à 50 %.

Prix moyens constatés en France métropolitaine au 12 mars 2022

Hausse prix essence

Les auto-écoles impactées

Les professionnels de l’enseignement de la conduite – au même titre que les transporteurs – sont directement impactées par le prix des carburants. Un véhicule école qui roule 8 heures par jour va parcourir entre 150 et 300 kilomètres quotidiennement (sans compter les trajets domicile – travail lorsque le véhicule est laissé à l’enseignant) et avoir besoin de faire le plein en moyenne deux fois par semaine.

Un surcoût de 50 centimes par litre de carburant va avoir une répercussion immédiate sur les charges de l’auto-école. Prenons un exemple d’une auto-école qui a 4 véhicules et qui fait 2 pleins de 50l par semaine et par véhicule : son poste carburant a augmenté de 200€ / semaine, soit environ 860€ par mois !

Les organisations professionnelles et le gouvernement sont mobilisés

Face à ces augmentations et à l’inquiétude des professionnels du secteurs, les différentes organisations professionnelles ont interpelé le gouvernement. Le 10 mars, MOBILIANS (ex-CNPA) a publié un communiqué demandant notamment :

  • La mise en place d’un dispositif fiscal spécifique pendant la crise, avec une baisse de la TVA appliquée aux prix à la pompe […] ;
  • La mise en place d’un chèque formation, pour faciliter l’accès à la mobilité pour les jeunes et le passage du permis de conduire ;
  • La mise en place de dispositifs alternatifs et incitatifs au boîtier bioéthanol […].

Le même jour, l’UNIC (et la FNA) ont également lancé un appel au gouvernement et demandé un soutien pour les entreprises du secteur de l’automobile. Ils réclament que le gouvernement modifie le calcul des taxes sur les carburants, qu’il débloque des aides spécifiques (chèque énergie) pour les entreprises impactées, à hauteur de 100 millions d’euros sur 3 ans. L’UNIC demande également que les dispositions du contrat-type (figeant le prix de la leçon de conduite et de la présentation à l’examen pratique pendant la durée du contrat) soient temporairement suspendues.

De son côté, l’UNIDEC reprend également cette demande dans son communiqué et en formule 2 autres :

  • d’une part, de pouvoir bénéficier du plan de soutien qui a été annoncé pour les secteurs fortement impactés […] permettant un retour au prix du carburant à 1,40 €/l, et ;
  • d’autre part, d’aider les ménages en apportant une aide spécifique et ponctuelle au travers d’un « chèque permis » de 30€ pour toutes les formations en cours et à venir.

Les calculs varient légèrement selon les acteurs et selon les paramètres prix en compte mais il existe un consensus pour dire que la hausse du carburant représente un surcoût d’environ 2€ / heure de conduite, soit entre 60€ et 80€ pour une formation complète.

Le gouvernement semble avoir entendu les inquiétudes, puisque le Premier Ministre, Jean Castex, annonçait le 12 mars une « remise carburant » de 15 centimes par litre effective à compter du 1er avril 2022. Ce coup de pousse a le mérite d’exister mais il ne vient absolument pas compenser l’augmentation constatée au cours du mois écoulé (de 25 à 40 cents) et ne prend pas en compte la hausse qui devrait se poursuivre dans les semaines à venir et que certains spécialistes parlent déjà d’un prix à 3€ par litre.

Quelles solutions à court et moyen terme ?

Au-delà du constat immédiat, chaque chef d’entreprise se doit de réfléchir aux solutions lui permettant de conserver ses marges. Plusieurs leviers peuvent être activés à court et à moyen terme. Les plus optimistes diront même qu’elle permettra d’accélérer une transition déjà amorcée.

Augmenter ses tarifs

Face à l’augmentation des charges liées au carburant, le premier réflexe est d’augmenter ses tarifs. Il s’agit là d’une possibilité à envisager fortement, surtout que la crise est partie pour durer.

Il conviendra cependant de faire attention à plusieurs points :

  • La hausse des tarifs ne s’appliquera qu’aux élèves nouvellement inscrits. Les tarifs applicables aux élèves en cours de formation étant fixés par le contrat type;
  • Pour être comprise et acceptée, la hausse doit se limiter aux prestations qui sont impactées par la hausse des prix de l’essence. Il est logique dans le contexte d’augmenter le prix des leçons et de la présentation à l’examen… pas du forfait code en salle ou des frais administratifs ;
  • La hausse devra être cohérente et limitée. Elle doit répercuter l’augmentation du prix de l’essence. Chacun doit faire l’effort de calculer combien représente le poste « carburant » dans le prix de revient d’une leçon de conduite afin de répercuter la hausse. Ainsi, si la consommation moyenne est de 2 litres / leçon de conduite, il est logique d’augmenter le prix de la leçon de 1€ / leçon. Cela dépend évidemment de plusieurs paramètres : véhicule, motorisation, emplacement de l’auto-école (en ville ou à la campagne), etc…

Il convient également de garder en tête le contexte général inflationniste. Une trop forte augmentation des prix du permis pourrait inciter certains à retarder leur formation de quelques mois, alors que certaines auto-écoles constatent déjà un ralentissement des inscriptions.

Avoir recours au simulateur de conduite

Une autre solution pour limiter l’impact de la hausse du prix des carburant est d’avoir davantage recours au simulateur de conduite tout au long des formations. Celui-ci peut être utilisé pour l’évaluation de départ, ainsi que pour la formation selon les modalités prévues par l’arrêté du 16 juillet 2019. Pour une formation au permis B en boîte manuelle, un élève peut ainsi effectuer un total de 10 leçons de conduite sur simulateur :

  • 5 heures de conduite en autonomie ;
  • 5 heures supplémentaires avec la présence obligatoire d’un enseignant.

Cette solution est mise en avant par Enpc-Ediser, le premier fournisseur de simulateur de conduite aux auto-écoles en France.

Le bio-éthanol et l’électrique

Enfin, une autre solution pour les écoles de conduite consiste à se tourner vers des véhicules consommant moins (ou pas) d’énergies fossiles. Il peut s’agir de véhicules électriques, de véhicules à motorisation hybride ou de véhicules roulant au bio-éthanol.

Concernant les véhicules électriques, Lorenzo Lefebvre (Mobilians ESR) annonçait en début d’année la mise en place imminente d’un dispositif de prêt garantis par la BPI pour financer le « verdissement de la flotte ». Un seul bémol : ces véhicules ne sont disponibles qu’en boîte automatique ce qui ne permet pas de répondre à l’ensemble de la demande de formation.

D’autres auto-écoles ont fait le choix de rouler au bioéthanol / Superéthanol E85 (un biocarburant produit à partir de végétaux tels que la betterave sucrière, les céréales et de la canne à sucre). Nous leur consacreront une article très prochainement. Ce carburant est nettement moins cher : aux alentours des 65 cents / litre avant la guerre en Ukraine, 90 cents / litre ces derniers jours…

Prix du bioéthanol comparé aux autres carburants (source Le Figaro)

Prix de l'essence 2018-2022 Le Figaro

Ces deux solutions sont intéressantes, elles sont moins « rapides » à mettre en place mais permettent une réflexion sur le modèle que l’on souhaite mettre en place sur le moyen / long terme et la prise en compte de la question environnementale.


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