Les promesses non-tenues de PermiGo 2

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Des nuages noirs semblent s’accumuler au-dessus de PermiGo. Reprise à la barre du Tribunal de commerce au mois de mai 2017 par le groupe Arcan, la nouvelle structure (baptisée « PermiGo2 »)  fait parler d’elle depuis quelques jours. Elle demande aujourd’hui à ses élèves de repayer les prestations qu’elle s’était pourtant engagée à délivrer… ou de reprendre leur dossier!

L’information fait grand bruit depuis une dizaine de jours. Au moment même où TF1 diffusait un reportage vantant le modèle des auto-écoles en ligne, on apprenait que les espaces clients des quelques 4 000 élèves de PermiGo avaient été bloqués et que ces derniers avaient reçu un email leur demandant de souscrire un nouveau forfait Permigo 2 (donc de repayer des prestations déjà réglées à PermiGo 1) ou de récupérer leur dossier en agence.
Capture d’écran du mail reçu par les élèves (issue du blog PermiGate).
Pour ces élèves le coup est dur! Mis devant le fait accomplis, ils se tournent vers les réseaux sociaux: un compte Facebook et un compte Twitter sont créés afin de se coordonner. Les médias locaux se saisissent de l’affaire, ainsi que Pascal Blache, le maire du 6ème arrondissement de Lyon qui se déclare prêt « à accompagner [les élèves] au Ministère pour plaider leur cause ».
Quelques éléments d’analyse sur ce qui ressemble bien au début de la fin pour PermiGo nouvelle version.

Une reprise mal préparée

Cette situation, dramatique pour les élèves qui en sont victimes, était néanmoins largement prévisible! Au moment de sa reprise par Arcan, le montant des créances clients  de PermiGo s’élevait à 3 millions d’euros… pour quelques 5 500 élèves en cours de formation. L’offre d’Arcan, qui n’était pas la plus élevée, avait alors été retenue parce que le groupe s’engageait à reprendre 59 salariés sur les 91 et à délivrer les prestations déjà payées par les élèves (à l’exception des formations moto).
Il apparaît aujourd’hui que la reprise a été mal gérée. Sans expérience préalable dans le secteur de l’enseignement de la conduite, l’équipe dirigeante a été confrontée à plusieurs enjeux de taille: le renouvellement simultané des agréments de toutes les agences conservés, le recrutement de nouveaux moniteurs (alors que c’est le manque d’enseignants qui avait déjà précipité la chute de PermiGo 1), le renouvellement de la flotte de véhicules (plus aucun loueur ne souhaitant travailler avec l’entreprise depuis sa première faillite)… et  elle a bien dû se rendre à l’évidence que le « travail de reconquête des clients » serait plus compliqué que prévu!
Pour faire face aux frais fixes de l’entreprise, PermiGo tente cet automne un coup de poker et lance un forfait avec « leçons de conduite illimitées » pour 1 690€, alors même que dans plusieurs villes l’entreprise n’a pas de véhicule pour dispenser les leçons…

Volte-face et communication de crise

Les derniers développements de cette affaire PermiGo (baptisée « PermiGate » par ses victimes) s’expliquent par le fait que l’entreprise est à court de trésorerie et qu’elle cherche désespéramment à faire entrer de l’argent frais dans ses caisses. Les repreneurs, qui ont déjà réinvesti 1 million d’euros pour le redémarrage de l’activité, commencent à tousser.
Face à la colère des élèves un plan de communication est mis en place, dans la confusion. Un drame qui se joue en deux actes.
Le logo de PermiGo détourné par ses victimes.
Acte 1: une contractualisation pour des « raisons assurantielles »
Dans un premier temps, les raisons invoquées pour justifier la décision d’obliger les élèves à repayer sont d’ordre juridiques. Pour des questions d’assurance, la société ne pouvait continuer de proposer des cours de conduite à des clients sans existence juridique… alors même que c’est ce qu’elle faisait depuis 8 mois! Sûr de son bon droit, Ronan Le Boulaire (le dirigeant du groupe Arcan) déclarait en fin de semaine dernière à LyonCapitale : « Juridiquement, on n’est pas attaquable. On s’est bien gardé de reprendre les anciens contrats, c’est pour ça qu’on demande d’en signer un nouveau »… dit comme cela, le coup semble prémédité!
Acte 2: des explications confuses
Sommé de s’expliquer, Ronan Le Boulaire réaffirme la volonté de PermiGo2 de tenir ses engagements pris devant le Tribunal et déclare que seuls les élèves dont l’évaluation de départ prévoyait un nombre de leçons supérieur à celui compris dans le forfait réglé auprès de PermiGo 1 devraient repayer.
Dans le même temps, les contrats présentés aux élèves prévoient que les leçons de conduite prises par ces derniers seraient décomptées dans l’ordre suivant: (1) les leçons réglées à PermiGo2 puis (2) les leçons réglées à PermiGo 1. PermiGo2 invente donc le concept du « hors forfait à régler avant la fin du forfait » !

Vers une nouvelle sortie de route?

Ces manœuvres destinées à renflouer la trésorerie de l’entreprise semblent bien mal engagées. Sur internet le mal est fait, l’entreprise a vu son image se détériorer… elle affiche une note moyenne de 2,5/5 sur 74 avis Google et de 1,3/5 sur 15 avis vroomvroom.fr
L’avenir semble donc sombre pour PermiGo et, un nouveau dépôt de bilan, s’il devait intervenir dans les prochains mois, devrait conduire le grand public à s’interroger sur la viabilité de ce modèle économique.
P.S: au moment de boucler cet articles, nous apprenons qu’un autre groupe d’auto-écoles low cost connaîtrait d’importantes difficultés financières. Cette information fera l’objet d’un traitement complet dès que nous aurons d’avantages d’éléments en notre possession.

1 COMMENTAIRE

  1. Situation identique à Bordeaux. Cela ressemble effectivement à de la préméditation. Comment parler de l’amoralité d’une entreprise qui cible un public jeune, les étudiants, sans forcément beaucoup de moyens financiers? Quand il faut se battre entre les examens , le travail pour financer ses études et son logement à payer, il est certain que la proposition du code en ligne a forcément séduit. La méthode qui cible ce public là, est, on ne peut plus cynique! 1000 euros payés d’avance ce n’est pas rien pour finalement annoncer que l’entreprise fait faillite et que si on ne veut pas tout perdre, il va falloir repayer des leçons. Le mot « arnaque » prend tout son sens. D’autre part comment parler de moniteurs recrutés on ne sait comment, dont la pédagogie consiste à « assassiner » pendant les leçons de conduite, leurs élèves et les menacer à chaque instant de devoir payer des leçons supplémentaires, alors qu’ils sont déjà dans ce cas, pour sauver leur permis, et dont la principale préoccupation est de se faire un emploi du temps confortable sans tenir compte des contraintes de ces mêmes élèves. Arnaque et incompétence?!

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