Depuis quelques semaines, la presse quotidienne régionale se fait à nouveau l’écho d’un manque de place d’examen pratique dans de nombreux départements. Résultat : des délais qui s’allongent et des coûts de formation qui augmentent. Un stress supplémentaire pour les exploitants d’auto-écoles et des conflits à gérer avec une clientèle pas toujours compréhensive. Pour résoudre ce manque de places, de nouvelles solutions sont proposées. Nous en dressons la liste.
Un manque de places dans de nombreux départements
À La Réunion, dans le Finistère, en Côte d’Or, dans les Alpes-Maritimes, dans l’Ain, dans les Deux-Sèvres, etc… la majorité des départements semblent touchés par un manque de places. Le problème n’est pas nouveau et il réapparaît tous les ans. Nous y consacrions déjà un article en début d’année.
Le manque d’inspecteurs, n’explique pas tout. Pour certaines auto-écoles, le manque de places d’examen s’explique par des difficultés liées à la synchronisation des données issues des livrets numériques depuis l’automatisation mise en place fin septembre. Plusieurs auto-écoles interrogées se plaignent d’un manque de transparence dans les calculs et de l’absence de réponses des BER.
Pour répondre au manque de places, de nouvelles propositions ont été formulées.
Une semi-privatisation de l’examen
Il s’agit d’une proposition portée par Karl Raoult (gérant des auto-écoles CER Rouen Normandie). Il propose trois solutions :
- La mise en place d’un test de niveau avant l’examen. Le candidat devra passer un test de conduite sur simulateur pour pouvoir prétendre à une date d’examen. Ce test serait identique au niveau national. Il aurait pour but d’attester, de manière objective, du niveau de conduite de l’élève (et d’éliminer les élèves forçant le passage). Des élèves prêts auront un meilleur taux de réussite, ce qui désengorgerait le système. Un test similaire a été mis en place en Suède.
- Une semi-privatisation de l’examen, limitée et encadrée. Karl Raoult propose que le premier examen soit toujours réalisé par un inspecteur du permis de conduire (IPCSR), afin de conserver l’accès équitable et gratuit à l’examen. Cependant, en cas d’échec, une nouvelle alternative serait possible :
- si l’élève a fait une faute éliminatoire, il aurait l’obligation de repasser l’examen avec un inspecteur du permis de conduire.
- si l’élève n’a pas fait de faute éliminatoire (manque de points), alors il aurait la possibilité de repasser l’examen devant un examinateur salarié d’un organisme privé (avec un cahier des charges renforcé pour éviter les fraudes rencontrées sur le code de la route).
- Une autorisation de conduite temporaire et restrictive. Réservée aux candidats ayant eue une bonne note (entre 25 et 30) mais ayant commis une faute éliminatoire. Pour obtenir l’autorisation de conduite, le candidat devra reprendre 3 à 5 leçons afin de retravailler spécifiquement ce thème. Il recevrait alors un permis provisoire, valable 2 ans. Au bout de cette période, il obtiendrait le permis de conduire à condition de n’avoir pas fait d’infraction. Dans le cas contraire, il devra repasser l’examen.
Ces propositions ont été transmises au gouvernement au mois d’octobre, avant que celui-ci ne soit censuré.
Les propositions des plateformes
Dans une tribune parue dans Les Échos, le 29 novembre, les dirigeants des principales auto-écoles plateformes (Stych, Ornikar, En Voiture Simone et Lepermislibre) proposent quatre mesures pour « réduire les délais pour passer le permis de conduire ». Ces propositions sont les suivantes :
- Privatiser l’organisation de l’examen pratique. Comme pour l’examen théorique, il s’agirait de « confier l’examen pratique à des entités privées agréées par l’Etat et sous encadrement strict de l’Etat, permettrait de démultiplier
le nombre d’examinateurs ». Les inspecteurs du permis de conduire pourraient se concentrer sur des missions de contrôle qualité et de supervision, renforçant ainsi la sécurité des examens. - La mise en place d’une attestation temporaire. Cette attestation délivrée par l’auto-école, permettrait aux jeunes de conduire en semaine et en dehors des soirées jusqu’à leur date d’examen. Selon les signataires, cette mesure favoriserait « la mobilité et l’accès à un emploi, sans attendre l’obtention du permis. »
- Troisième mesure, l’accès à l’examen devrait être réservé aux élèves ayant une attestation de fin de
formation. Cela éviterait que des candidats non préparés ne saturent les créneaux d’examens, freinant ainsi les délais pour les autres. - Enfin, abaisser l’âge pour la conduite accompagnée à 14 ans et à 17 ans pour la conduite supervisée permettrait à davantage de
jeunes d’accumuler une expérience de conduite peu coûteuse et efficace. Avec un taux de réussite supérieur à 70 % pour ces candidats, cette voie mérite d’être plus largement adoptée et soutenue par une campagne de communication.
Ces deux dernières propositions (l’attestation de fin de formation et le fait d’abaisser l’âge de l’AAC à 14 ans) rejoignent celles formulées par Patrick Mirouse et le groupe ECF au mois de juin 2024.
Pour beaucoup d’écoles de conduite, le statu quo n’est plus tenable. Que l’on soit d’accord ou pas avec ces propositions, elles ont le mérite d’exister et permettent d’engager un dialogue avec le Ministère de l’Intérieur.