[Sondage] Les auto-écoles toujours aussi mécontentes de RDVPermis

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Sondage auto-écoles RDVPermis
PermisMag vous présente les résultats du sondage réalisé la semaine dernière au sujet de RDVPermis. Un an après le premier sondage sur le même thème, nous avons reposé les mêmes questions à la profession. Il ressort de ce sondage que les 3/4 des auto-écoles sont toujours aussi mécontentes de la plateforme mise en place par l’État. Nous vous présentons ici les chiffres et les suggestions des écoles de conduite.

Méthodologie, biais et représentativité

La méthodologie mise en œuvre pour ce sondage est similaire à celle employée pour le précédent sondage (juillet-août 2022). Au total, 761 gérants ont pris part au sondage sur les 9 000 gérants que compte la profession, soit un taux de réponse très élevé (un peu moins de 8,5%).

Nous nous sommes bien évidemment posé la question de la fiabilité d’un tel sondage et des éventuels biais qu’il pouvait contenir. Si les personnes mécontentes ont naturellement une propension plus élevée à répondre que les personnes satisfaites, la taille de l’échantillon permet néanmoins de garantir une fiabilité élevée aux résultats. Selon le site SurveyMonkey, un tel échantillon permet d’obtenir des résultats fiables à +/- 4 points.

Nous avons examiné le profil des gérants d’auto-écoles ayant répondu au sondage et nous avons trouvé une grande diversité : ils représentent des petites, moyennes et grandes structures, des auto-écoles de ville et auto-écoles de campagnes, des auto-écoles de métropole et d’Outre-mer, des gérants syndiqués et non syndiqués, appartenant à des réseaux ou non… tous les profils ou presque ont participé !

Seul un gérant d’auto-école de Châteauroux (Indre, 36) a utilisé une fausse adresse email. Ses réponses ont été écartées.

Les résultats bruts

Les questions posées aux gérants étaient les mêmes que celles posées lors du premier sondage, à l’exception de la dernière, qui concerne les robots. Nous avons également permis à ceux qui le souhaitaient de faire des suggestions (texte libre). Les résultats du sondage sont téléchargeables ici.

Les 3/4 des auto-écoles mécontentes de RDVPermis

Les auto-écoles interrogées se disent en grande majorité mécontentes de RDVPermis, très insatisfaites à 45,9% et plutôt insatisfaites à 29,2%. Un peu plus de 10% se déclarent neutre et seulement 15% se déclarent satisfaites (12,6% sont plutôt satisfaites et 1,7% sont très satisfaites).

Ces réponses sont étonnement proches de celles que nous avions recueillies il y a un an : 76% d’auto-écoles mécontentes, 16% neutres et 9% d’auto-écoles satisfaites.

Les causes de ce mécontentement sont multiples et les questions suivantes aident à mieux comprendre.

Un nombre de places d’examen en baisse

La deuxième question du sondage interrogeait les auto-écoles sur le nombre de places d’examen dont elles disposaient (hors variations saisonnières). Pour les 2/3 d’entre elles (62,8%), leur nombre de places est inférieur à celui dont elles disposaient dans l’ancienne méthode. Un quart d’entre elles (24,4%) déclarent avoir un nombre de places équivalent, contre 12,7% qui pensent avoir davantage d’unités.

Des horaires de mise en ligne contraignants

Une question qui peut se révéler anecdotique mais qui est tout de même assez révélatrice. Les 2/3 des auto-écoles (65,6%) se déclarent mécontentes des horaires de publication des places. Les raisons de ce mécontentements sont diverses, nous y reviendrons dans l’analyse des réponses.

Un système plus compliqué et plus anxiogène

Les auto-écoles ayant répondu au sondage trouvent le système plus compliqué à 77% (elles étaient 57% l’an dernier) et plus anxiogène à 89% (chiffre identique à celui de l’an dernier). Après plusieurs mois d’utilisation, aucun phénomène d’« accoutumance » à l’outil n’est constaté. Ses évolutions progressives ne semblent pas satisfaire davantage les écoles de conduite.

L’impression dominante que les robots sont toujours là

Pour près de 87% des auto-écoles les robots sont encore présents sur RDVPermis, alors que seulement 13% pensent qu’ils ont disparus suite aux annonces de la DSR fin avril. Faute d’avoir accès aux données (logs de connexion et de réservations), il est compliqué d’apporter une réponse tranchée sur le sujet. Nos investigations nous laissent penser que le problème ne vient pas des robots… nous aurons l’occasion d’en reparler.

L’analyse des résultats

Les résultats de ce sondage montrent qu’il existe un mécontentement profond et qu’il est multifactoriel.

Ces résultats, et ceux du précédent sondage, montrent que malgré les efforts mis en place par la DSR, l’outil RDVPermis continue à susciter la défiance après plusieurs mois d’utilisation.

Il convient malgré tout de distinguer les critiques qui sont directement imputables à l’outil (le mode de calcul des seuils, le mode d’attribution des places d’examen, la présence éventuelle de robots, etc…) et celles qui ne le sont pas. Ainsi, le manque de places d’examen ces dernières semaines est le résultat à la fois du mode de calcul qui a changé, de la saisonnalité (un grand nombre d’élèves veut se former l’été), mais également du manque d’inspecteurs, de leurs congés d’été et des délais de formation des renforts annoncés pour la rentrée.

Il est important de garder en tête que les raisons sont multiples et peuvent se cumuler.

Les suggestions des auto-écoles

Il s’agit probablement de la partie la plus intéressante du sondage ! C’est en laissant s’exprimer les gérants de manière libre (car anonyme) que l’on obtient le ressenti du « terrain ». Une parole exprimée sans filtre, qu’il est important de prendre en compte. Nous avons pris le temps de lire chacune des 760 réponses. S’il est compliqué de faire un résumé exhaustif de ces réponses, nous avons néanmoins tenté d’en faire une synthèse fidèle en reprenant, thème par thème, les propositions des exploitants.

Revoir le système de fond en comble

Sur 760 gérants ayant répondu, 90 demandent explicitement un retour à Printel et près de 25% d’entre eux l’expriment d’une façon ou d’une autre. Si le principe d’une nouvelle méthode de calcul des places d’examen, basée sur le nombre d’ETP, est relativement bien acceptée, un nombre important d’auto-écoles demandent à ce que les places soient attribuées d’office par les BER.

Une grand partie du stress généré par RDVPermis vient du fait d’avoir à se battre, entre auto-écoles, pour récupérer des places. Une attribution des places d’office à hauteur du seuil, avec un maintien du système actuel uniquement pour les places supplémentaires permettrait peut-être de résoudre une partie du problème.

Une autre suggestion récurrente est la demande de privatisation de l’épreuve pratique, à l’image du code de la route. La pénurie de place venant du manque d’inspecteurs, un nombre significatif d’auto-écoles pensent (à tord ou à raison) que la privatisation de l’examen pratique résoudrait la pénurie. Elles se basent pour cela sur l’examen du code de la route…

Augmenter le nombre d’inspecteurs et de places d’examen

De nombreuses auto-écoles se plaignent du manque de place et en attribuent la responsabilité au nouveau mode de calcul. Elles se plaignent de ne pas atteindre leur seuil formateur ou que celui-ci soit insuffisant. Pour résoudre ce manque de places, elles demandent plus d’inspecteurs.

Trois autres critiques reviennent régulièrement : le fait de ne pas récupérer les places annulées par l’administration et le fait de ne pas pouvoir prendre de places d’examen groupées. Cette fonctionnalité devrait être mise en place plus tard.

Enfin, les auto-écoles se plaignent de l’impossibilité de prendre des places supplémentaires, une fois leur seuil atteint.

La contrainte des horaires

Les horaires de mise en ligne des places d’examen sont également un sujet de critique. Ces horaires ne conviennent pas à toutes les structures. Le système Printel permettait une gestion asynchrone des places, en dehors des horaires d’ouverture des agences. Les mise en ligne des places d’examen pendant l’heure du déjeuner – un moment de repos – vient rajouter du stress.

Par ailleurs, les auto-écoles se plaignent du non-respect des horaires par les BER dans la mise en ligne des places.

Une lutte insuffisante contre la fraude et les robots

La majorité des auto-écoles pensent que les robots sont toujours présents et qu’ils prennent leurs places. Elles demandent une meilleure lutte contre les robots et des sanctions contre les auto-écoles qui les utilisent.

Plusieurs auto-écoles dénoncent également une absence de contrôle des ETP et les fraudes qui en découlent. La mise en place du livret numérique dans quelques mois devrait y mettre un terme, mais en attendant…

Récupérer les CEPC

Là encore, il s’agit d’une critique très répandue. Les auto-écoles sont très mécontentes de ne plus avoir accès aux résultats de leurs élèves et au bilan de compétence comme c’était le cas par le passé. À défaut de pouvoir à nouveau avoir accès aux CEPC, les auto-écoles devraient pouvoir récupérer le résultat détaillé d’ici le mois de septembre.

Un fonctionnement inadapté au permis moto

Le système RDVPermis actuel n’est pas adapté au permis moto qui comporte deux épreuves pratiques (plateau et circulation). Par ailleurs, le fait que les cours soient collectifs va créer de facto une pénurie : un enseignant moto (1 ETP) va pouvoir former plus d’élèves qu’un enseignant B (1 ETP) et pourtant les deux génèrent un seuil identique. Les moto-écoles dénoncent cet incohérence.

Le livret numérique qui sera rendu obligatoire début 2024 devrait changer la donne car il prendra en compte les heures effectuées par les élèves et non plus les heures effectuées par les enseignants.

Autres demandes

Cette catégorie rassemble les demandes diverses quant au fonctionnement de la plateforme RDVPermis. Demande de nouvelles fonctionnalités, corrections de bugs, suggestions d’améliorations, etc.


3 Commentaires

  1. « Rendez-vous permis » évalué par les écoles de conduite, sans surprise de notre point de vue, le résultat est sans appel.
    La partie la plus intéressante de tout cela, ce sont les propositions que font les dirigeants des écoles de conduite, car elles traduisent effectivement les véritables attentes et des axes d’amélioration possibles, qui ont déjà été souvent signalés.
    Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
    L’immense mérité de « Rendez-vous Permis », c’est d’avoir mis en évidence ce qui, depuis des dizaines d’années, était nié par l’administration. Oui, il est clair et désormais prouvé que le nombre de places offert est largement, constamment, et définitivement insuffisant. Multiplier un effectif théorique d’IPCSR par un nombre théorique d’examens réalisés par ceux-ci, sans tenir compte des arrêts de travail, des missions annexes (ou pas d’ailleurs !), des IPCSR retirés de la production d’examen pour d’autres tâches n’avait strictement aucun sens. Nous l’avons dit, redit, crié sur tous les toits et jamais été entendus.
    Là où je rejoins mon collègue Patrice BESSONE, c’est qu’effectivement, « Rendez-Vous Permis » a apporté la transparence. Où notre analyse diffère, c’est que selon nous, il n’est pas juste puisqu’il ne permet encore pas une égalité de traitement des candidats sur le territoire français. Il n’est pas juste, mais espérons encore dans la capacité de l’administration à y remédier, car il favorise encore ceux qui maitrisent la technologie et sont capables de développer des robots ou d’en acheter les services.
    Il n’est pas juste non plus car il favorise les entreprises en capacité de mettre en place des procédures, et des personnels, pour capter les créneaux disponibles.
    Il faut donc le redire. Il est trop tôt pour condamner « Rendez-vous Permis ». Et s’il y a un combat à mener, et que nous mènerons, c’est bien d’exiger de l’Administration, de l’Etat et de la puissance publique la production d’un nombre de places d’examen non pas basé sur la capacité d’offre des BER, mais sur le besoin réel de places d’examen.
    Il ne faut pas s’y tromper. Tout en découle, et, de grâce, que l’on arrête de nous opposer des taux de réussite trop faible, des élèves et candidats pas assez formés, et une relative incompétence des enseignants.
    Si l’administration ne s’en donne pas les moyens, l’Etat ne sera pas légitime à dire à nos concitoyens qu’il considère le permis de conduire comme un outil essentiel de l’insertion sociale et professionnelle des plus jeunes. Il ne sera pas plus légitime à demander à nos entreprises de contribuer au développement économique de nos territoires.
    Et qu’on nous fasse également grâce des effets d’annonce à coup de recrutement supplémentaire, de droit de conduire sans permis dans certains usages.
    Tout cela n’a qu’un effet. Entretenir colère et désespoir qui finira bien un jour par s’exprimer, et qu’aucune organisation syndicale sera en mesure de canaliser.

  2. Bonjour, pour ma part je trouve rdvpermis pas si mal, le gros gros plus: enfin une équité dans le nombre de place, j’ai gagné des places, stop au copinage et autres atribution de place supplémentaire sans transparence,

    les B+ ne son plus considéré comme des boulé, vous pouvez présenter 100% de B3 sur 1 mois sans que cela vous impact dans le futur.

    La gestion avec les élèves est plus compliquée effectivement avec une vision a moyen long terme obligatoire, ce qui est pas ma façon de travailler, et ce dont je suis pas forcément capables, je suis pas assez bon pour prévoir l’évolution exact de l’apprentissage de mes élèves.. mais en même temps on choisis plus ou moin nos sessions, exemple je me galère plus avec les b78 je réserve des session uniquement pour eux, et j’ai enfin obtenus des places supplémentaire ce qui m’étais presque jamais arrivé en plusieurs décennies, bon après allez pleuré et ciré les pompes du BER c’etait pas mon style donc forcément les places sup j’en voyais pas la couleurs.

    Pour finir l’avantage de rdvpermis c’est que l’on peut enfin montrer clairement qu’il y a un manque de place, sans que l’on nous parle de nos résultats des taux de réussite et de l’alignement des planètes. exemple 4 etp avec 16 place sur un mois a 4 semaine, cela veut dire que les formateur on l’obligation de former les eleves en 35 heure pour ne pas produire plus d’élèves que de places on ne parle pas des échecs bien sur !!!!!! là je suis curieux de connaître la réponse de l’administration 😉

    Aucun système est parfait et de toute façons changez les habitudes d’une profession est compliqué, si demain le nombre de place par etp passe a 7 he pense que les confrères seron moin sévère, et moin anxieux lors de la diffusion des places.

    PS: j’accepte sans soucis une correction du texte ainsi qu’une remise en forme.

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