Accueil Blog Page 36

Moniteurs d’auto-écoles en ligne : la précarité comme seul horizon

22

Depuis le début de l’année, Ornikar et En Voiture Simone passent à la vitesse supérieure dans leur communication à destination des élèves… et, plus récemment, à destination des enseignants de la conduite. Face à l’afflux d’élèves attirés par les tarifs low cost avancés comme seul argument commercial, ces entreprises se doivent impérativement de trouver des enseignants en nombre, sous peine de créer de nombreux élèves mécontents (faute de place sur les plannings).

Aussi, ces deux entreprises ont mis en place des opérations de communication dans lesquelles elles vantent l’attractivité des partenariats qu’elles proposent aux professionnels. Par le biais de ces opérations, les auto-écoles en ligne visent à attirer certains enseignants, en leur faisant croire qu’ils bénéficieraient d’un salaire supérieur à celui que peuvent leur offrir les auto-écoles de proximité. Décryptage.

Vidéo postée sur le compte Facebook Ornikar Pro

Des calculs biaisés

Les salaires promis par Ornikar sont à la fois irréalistes et trompeurs. Ces calculs sont irréalistes car ils ne prennent pas en compte (ou minorent) certains éléments de charges. Ils partent du postulat que l’enseignant ne prend pas de congés, qu’il n’est jamais malade ou retenu par des obligations familiales.

Capture d’écran du site internet d’Ornikar

Ils ne prennent pas en compte les aléas inhérents à l’activité d’enseignant de la conduite, tels que les accidents et les pannes, qui impliquent une immobilisation du véhicule. Ils ne prennent pas en compte les aléas climatiques (le verglas notamment) qui rendent nécessaire l’annulation des leçons. Certains frais (parfois importants) liés à la restitution du véhicule ne sont pas pris en compte.

Ils impliquent un planning rempli à 100%, tous les jours de l’année. Aucune auto-école en France ne peut se vanter de ce taux de remplissage. Ils impliquent également une amplitude horaire très importante, au détriment de la vie personnelle de l’enseignant. Un salarié a un emploi du temps fixe et défini à l’avance, deux jours de repos consécutifs par semaine, les leçons décommandées sont rémunérées… Un enseignant auto-entrepreneur doit être disponible du lundi matin au samedi soir pour effectuer le même volume de leçons.

Ces chiffres ne prennent pas en compte le temps passé pour l’accompagnement des élèves à l’examen pratique, souvent supérieur à une heure en région parisienne (les convocations des candidats libres n’étant pas regroupées comme c’est le cas pour les auto-écoles traditionnelles).

Enfin ces chiffres sont trompeurs car le salaire mis en avant tient compte de l’ACCRE (Aide à la création ou à la reprise d’entreprise). Cette aide – qui consiste en exonération ou réduction de cotisations sociales – est passagère et dégressive (3 ans maximum). Par ailleurs, les exonérations disparaissent dès lors que les revenus dépassent 40 524 € (soit 135 heures par mois, à 25€/heure).

Ornikar est tellement conscient que les chiffres présentés ne correspondent pas à la réalité que l’entreprise s’est sentie obligée de préciser sur son site :
« Ce prévisionnel est non-contractuel, il est destiné à vous aider à comprendre votre activité et votre rémunération en tant qu’enseignant indépendant auto-entrepreneur. Il présente l’activité avec et sans l’ACCRE. »

Un salaire moins attractif qu’il n’y paraît

Afin de déterminer si les salaires vantés par les auto-écoles en ligne étaient à ce point attractifs, nous avons établi un tableau comparatif, en calculant le salaire d’un enseignant disposant du TP ECSR selon qu’il soit salarié au salaire minimum, salarié au salaire moyen ou auto-entrepreneur pour le compte d’une plateforme.

Il ressort de cette comparaison que si l’on retire les exonérations de charges temporaires et que l’on prend en compte les charges réelles, le salaire d’un enseignant auto-entrepreneur est inférieur au salaire moyen d’un enseignant salarié. Si l’on prend en compte les aléas décrits précédemment, le salaire d’un enseignant d’Ornikar ou d’En Voiture Simone tendra, à terme, vers le salaire minimum d’un salarié.

En 2015 déjà, la Tribune des auto-écoles avait réalisé des calculs dont le résultat est relativement proche.

Aux considérations purement financières s’ajoutent le fait que l’enseignant auto-entrepreneur bénéficie de protections bien moins importantes et qu’ils sont soumis à des formalités qui devront être effectuées sur leur temps libre. Enfin, il est nécessaire de prendre en compte que le régime de retraite des auto-entrepreneurs est moins favorable que celui des salariés et que ceux-ci ont plus de difficultés à contracter des prêts (immobiliers notamment) auprès des banques.

Moniteur Ornikar = futur smicard?

Autre phénomène à souligner : plus le nombre d’enseignants sera important sur ces plateformes, plus le risque que les salaires baissent est important. En effet, si les disponibilités des enseignants travaillant sur ces plateformes venaient à excéder la demande en leçons de conduite, alors la tentation serait forte pour les plateformes de faire jouer la concurrence entre auto-entrepreneurs (et de tirer les rémunérations vers le bas). Des phénomènes similaires ont été constatés sur les plateformes de réservation de VTC, ainsi que sur celles de livraison de repas. Ce phénomène a été documenté dans de nombreux articles (ici, ici ou encore ici), mais surtout dans le rapport remis par Jacques Rapoport en 2017 (voir plus bas).

Les belles promesses d’aujourd’hui pourraient se transformer demain en désillusions et en précarité…


Entretien avec François Lopez

4

François Lopez, gérant de l’auto-école Le Local à Nice, a porté plainte en fin d’année contre Ornikar, ainsi que plusieurs moniteurs indépendants. Nous sommes allés à sa rencontre cette semaine.

Bonjour Monsieur Lopez. Vous avez porté plainte contre la start-up Ornikar ainsi que contre plusieurs moniteurs indépendants exerçant à Nice, pouvez-vous nous en dire plus ?

Mon auto-école s’est portée partie civile dans une procédure pénale déposée le 21 décembre 2018 au commissariat de l’Arianne, à Nice. L’objet de ma plainte contre la société Marianne Formation (Ndlr: nom de la structure juridique d’Ornikar) et deux moniteurs indépendants est: (1) publicité, par personne morale, tendant à favoriser volontairement le travail dissimulé, et (2) exécution d’un travail dissimulé par personne morale

Pourquoi cette plainte?

Nous les auto-écoles traditionnelles, de proximité, nous subissons en permanence des attaques de toute part… Cette start-up investit énormément d’argent dans de la publicité, vous avez sans doute entendu leur slogan «10 fois moins chers qu’en auto-école ».

Ce qui me révulse c’est qu’ils mettent dans la tête des jeunes l’idée, déjà latente (et largement relayée dans tous les médias), que nous sommes des escrocs… à coup de milliers d’euros de pubs télé, Snapchat, Facebook…

Ils vendent un accès 40 séries pour 29,90€ dans mon auto-école l’accès code en ligne c’est 151 séries pour 25€ donc ils comparent deux formules non comparables… ils n’ont aucun échange humain.

Vous dites avoir porté plainte contre Ornikar et contre leurs moniteurs indépendants… pourriez-vous nous expliquer les raisons de votre mécontentement ?

Mon mécontentement vient du fait que cette auto-école en ligne se développe au mépris des lois. Je m’explique :

En discutant avec mon avocat de la situation dans laquelle nous petite auto-école nous trouvons, il m’explique qu’ils sont eux même dans la même situation d’uberisation à outrance et me donne une définition pragmatique de l’uberisation. D’après mon avocat, il y a trois phases :

  • Phase 1 : une start-up se positionne sur un marché existant ;
  • Phase 2 : elle décrédibilise les acteurs existants (le code pour seulement 29,90€, « dix fois moins chers qu’en auto-école »), paye correctement ses indépendants et s’aligne sur le prix le plus bas du marché, c’est dans la phase 2 que la start-up cumule des pertes ;
  • Phase 3 : elle a l’obligation de baisser ses tarifs à la vente et par la même occasion baisse les tarifs des indépendants à qui elle fournit du travail pour pouvoir survivre face à une concurrence féroce. Exemple le cofondateur d’Ornikar ouvrant une coopérative d’indépendants et demain concurrencera à coup sûr le modèle Ornikar.

Pour en revenir à l’objet de ma plainte, la mise en relation de moniteurs indépendants (payés pour ce service) et de candidats libres est illégal aujourd’hui…

Les textes qui encadrent l’apprentissage de la conduite sont là pour protéger l’élève / candidat. Si l’on se passe de cette protection comme le fait aujourd’hui Ornikar, c’est la porte ouverte a toutes les dérives.

Il doit y avoir cette relation protégeant l’élève.

Un enseignant supervisé par son employeur c’est indispensable

Le gérant, directeur pédagogique ce dernier pouvant lui-même être sanctionné car il détient un agrément de sa préfecture, cet agrément donne à l’auto-école des droits et des devoirs…

La société Ornikar outrepasse ce cadre protecteur.

Vous défendez donc le système actuel, l’auto-école à l’ancienne? Vous n’êtes pas sans ignorer les reproches qui lui sont fait?

Vous êtes un peu dur! Comme dans toute profession il y a des bons et des moi moins bons… mais pensez-vous que les gens de notre génération gardent un mauvais souvenir de leur auto-école ?

Aujourd’hui, les gens pensent que tout devrait être gratuit! Si l’on regarde combien coûte une voiture, l’assurance, le carburant, l’entretien, les réparations, la place de parking… les auto-écoles gagnent très peu d’argent.

Je pense qu’il faut regarder où cette politique du prix cassé nous conduit! La formation de nos gamins doit être uberisée ? Et leur sécurité sacrifiée?

Les objectifs en termes de diminution du nombre de morts sur nos routes on en fait quoi ? Combien coûte une vie humaine, 749€ ?

D’autres pays ont essayé ce système libéral et les chiffres de l’insécurité routière ont explosés… Ils sont revenus en arrière sur notre modèle actuel « d’auto-école à papa ».

Parmi les arguments avancés par le gouvernement pour réformer le secteur, on trouve l’harmonisation des législations au sein de l’Union européenne. Quel lien voyez-vous entre votre plainte et le projet Européen?

Je ne suis que le gérant d’une petite auto-école, comme il en existe plus de 10 000 en France. Mes collègues et moi, nous sommes des petits producteurs de richesses locales. Nous ne faisons pas de d’optimisation fiscale au Luxembourg.

J’ai 5 salariés plus moi-même. Nous faisons vivre le territoire sur lequel nous éduquons nos enfants pour qu’ils deviennent des adultes responsables.

Où voulez-vous en venir avec cette plainte?

Je ne fais pas de politique, en portant plainte à l’encontre d’une société hors-la-loi contre des acteurs échappant à tous les contrôles.

Je demande aux auto écoles de se regrouper autour d’un collectif car ma plainte prendra tout son sens une fois l’agrément national acté et nous demanderons des dommages et intérêts selon les barèmes en vigueur.

Ceux qui souhaitent soutenir notre initiative ont la possibilité de faire un don sur la cagnotte Leetchi créée à cet effet.

Je précise que nous ne sommes pas réfractaires aux évolutions mais nous restons vigilants quant aux intentions de cette classe politique ultralibérale.

Nous continuerons à protéger nos enfants.

Je dis non au rapport Dumas/Guerrini.

Merci.


Auto-écoles : place à l’unité et à la mobilisation!

5

Depuis quelques jours, les grandes lignes du rapport de la mission parlementaire sur le permis de conduire sont connues. Comme beaucoup d’entre nous l’avaient pressenti, les « solutions » prônées pour renforcer la qualité des formations et garantir l’accessibilité du permis de conduire mettent un peu plus en péril la survie des auto-écoles de proximité, sans pour autant répondre aux objectifs affichés.

L’apprentissage du code à l’école et le passage de l’examen pendant le Service national universel (SNU), l’agrément national, l’inscription des candidats libres sur le site de la Sécurité routière… sont autant de mesures qui, si elles devaient être mises en place, précipiteront une grande partie des établissements vers la faillite.

Aussi, face à cette menace mortelle, l’heure n’est plus aux querelles de clochers entre les tenants de telle ou telle ligne, de tel ou tel syndicat. L’heure est à l’unité et au rassemblement de tous. Une manifestation est prévue le 11 février à Paris à l’appel des organisations professionnelles. Pour avoir une chance d’être entendus, il est primordial que cette manifestation rassemble le plus grand nombre d’entre nous.

Auto-écoles jaunes, vertes, violettes, bleu-blanc-rouge ou rouge et noires…

Tous à Paris le 11 février!

Auto-écoles de centre-ville, de banlieue, de campagne…

Tous à Paris le 11 février!

Auto-écoles traditionnelles, auto-écoles de proximité, auto-écoles « nouvelle génération »…

Tous à Paris le 11 février!

Auto-écoles syndiquées, non-syndiquées, indépendantes ou franchisées…

Tous à Paris le 11 février!

Mobilisons nos collègues, nos salariés, nos proches! Sur Printel, sur Facebook, sur les centres d’examen. Une seul mot d’ordre…

Tous à Paris le 11 février!

Le temps n’est plus à l’hésitation ou à se trouver des excuses. Oublions nos divisions passées et faisons front commun pour la défense de notre profession et, au delà, d’une certaine vision de notre société!

Le 11 février, manifestons tous ensemble pour demander au gouvernement :

  • de faire respecter la législation en interdisant le recours aux travailleurs indépendants pour l’enseignement de la conduite ;
  • de durcir les contrôles contre les loueurs de véhicules à doubles commandes proposant des prestations d’enseignement de la conduite (sans disposer d’agrément) ;
  • de réaffirmer la portée départementale de l’agrément et l’obligation de disposer d’un local ;
  • de renoncer à généraliser la présentation à l’examen pratique en candidat libre ;
  • et, enfin, de lutter contre tous ceux qui – aujourd’hui ou demain – seraient tentés de réduire la formation à la conduite à un simple service marchand, au détriment de la sécurité routière.

Pour défendre l’avenir des auto-écoles, tous à Paris le 11 février!


Décret n°2019-14 du 8 janvier 2019 relatif au cadre national des certifications professionnelles

0
Veille juridique Auto-école

Décret n° 2019-14 du 8 janvier 2019 relatif au cadre national des certifications professionnelles


[Rétrospective] L’actualité du mois de novembre 📽️

2
La fin d’année approche à grand pas et avec elle l’heure des bilans ! Sans attendre de passer en 2019, nous avons souhaité faire le point sur un mois de novembre particulièrement riche en annonces. Retour sur les événements .

9 novembre : M. Macron annonce sa volonté de faire « baisser drastiquement le prix du permis de conduire »

Alors qu’il entame une semaine d’itinérance mémorielle, dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre, le président Macron se trouve confronté à la contestation sociale incarnée du mouvement des « Gilets jaunes ». Afin de tenter de désamorcer la grogne, et donner l’impression d’un gouvernement qui agit, il annonce des mesures pour baisser « drastiquement » le prix du permis de conduire : faire passer le code à l’école (ou pendant le service civique).

Ces déclarations provoquent la stupeur et l’incrédulité au sein des écoles de conduite. Depuis lors nombreux sont les professionnels à avoir constaté une baisse « drastique » des inscriptions, mettant en péril la santé financière – déjà fragile – des écoles de conduite.

Notre analyse : Prix du permis de conduire, pourquoi Monsieur Macron se trompe de combat ?

14 novembre : Les chiffres fous d’Ornikar. « 20% du marché », vraiment ?

Porté par les déclarations présidentielles, Ornikar, par l’intermédiaire de son dirigeant, Benjamin Gaignault, entame une opération de communication dans les médias, avec une série d’articles et un communiqué de presse publié sur le site de la Fédération des Enseignants des Auto-écoles d’Avenir, syndicat qui regroupe également En Voiture Simone et Le Permis Libre.

Le 14 novembre, Monsieur Gaignault est reçu dans l’émission « Good Morning Business » présentée par Stéphane Soumier. Pendant un peu plus de 5 minutes d’« interview » (nous préférons mettre des guillemets, tant il s’agissait davantage d’un publi-reportage que d’un entretien journalistique), une série de chiffres plus ou moins fantaisistes sont énumérés :

  • Ornikar a « divisé par 2 le coût du permis de conduire » :  FAUX , les députés Guérini et Dumas ont donné les chiffres moyens de 1 844 euros dans une auto-école classique, 1 581 euros dans une auto-école en ligne (soit un prix 14% moins cher).
  • 200 000 nouveaux élèves / 20% du marché :  FAUX . Ornikar semble confondre le fait d’acheter des accès pour réviser son code de la route et le fait de faire une formation complète. Par ailleurs, Ornikar semble confondre ses objectifs 2019 avec les chiffres effectivement réalisés en 2018 ;
  • 500 enseignants partenaires en 2018 / 1500 prévus en 2019 :  INVÉRIFIABLE . Une chose est sure, 500 enseignants ne peuvent pas former 200 000 élèves… un simple calcul suffit à le vérifier.
  • 500 000 heures de conduite dispensées en 2018 :  INVÉRIFIABLE  et surtout incohérent avec les nombres d’élèves précédemment cités !
  • Société rentable :  INVÉRIFIABLE .
  • Un meilleur taux de réussite que les auto-écoles:  FAUX , les taux de réussite des élèves présentés en candidat libres (ce qui est le cas des élèves Ornikar) est 15 points inférieur à la moyenne.

Notre analyse : Depuis longtemps déjà Ornikar gonfle ses chiffres

20 novembre : Le Permis Libre condamné à 1 mois et demi de fermeture administrative, les indépendants requalifiés en salariés

Mi-avril, l’ancien préfet du Rhône, Stéphane Bouillon, avait ordonné la fermeture administrative de l’auto-école Le Permis Libre pour trois mois. Cette fermeture avait été suspendue en référé au motif qu’elle mettait en danger la survie de la start-up lyonnaise. Le 20 novembre, le tribunal administratif de Lyon a annulé partiellement cette fermeture (ramenée tout de même à un mois et demi), mais estime que l’activité des moniteurs « en faisaient des salariés de l’entreprise et non des auto-entrepreneurs ».

Selon le tribunal « les conditions d’exercice de leur activité par ces moniteurs d’auto-école dans le cadre de la plateforme numérique « Le permis libre » en faisaient des salariés de l’entreprise et non des auto-entrepreneurs. En effet les modalités de tarification et de facturation sont décidées unilatéralement par la société R&L et celle-ci dispose d’outils de contrôle et de surveillance des moniteurs, peut leur donner des directives et prononcer des sanctions. Il existe ainsi un lien de subordination juridique permanente durant l’exécution de ce travail entre ces moniteurs d’auto‑école et la société R&L, exploitante de la plateforme, traduisant en l’espèce une relation de salariat. »

Cette décision de justice constitue une première victoire contre le modèle défendu par certaines plateformes (Ornikar et En Voiture Simone pour ne pas les nommer). Le lien de subordination et la possible requalification des auto-entrepreneurs en salariés viendraient remettre en question l’existence même de ces modèles low cost.

28 novembre : La réunion entre organisations patronales et le gouvernement reportée

Face au mécontentement, l’Elysée accepte de recevoir les représentants des deux principales organisations patronales, réunis en intersyndicale, le CNPA et l’UNIDEC. Cette réunion est annulée à la dernière minute et reportée au lundi 3 décembre.

Les principales annonces à la sortie de l’Élysée.


[Opinion] Prix du permis de conduire, pourquoi Monsieur Macron se trompe de combat ?

3

Lors de sa visite dans un centre social à Lens, le 9 novembre 2018, le président Macron annonce sa volonté de mettre en place des mesures pour diminuer « drastiquement le prix du permis de conduire ». Si ses intentions sont louables (redonner du pouvoir d’achat et aider les jeunes à s’insérer dans la vie professionnelle), le Président se trompe de combat ! Le permis de conduire représente certes un coût non négligeable mais il est à relativiser et à mettre en perspective avec d’autres coûts tout aussi indispensables.

Le coût des études supérieures

Une fois leur bac obtenu, les jeunes ont certes besoin d’un véhicule pour s’insérer dans le monde professionnel, mais ils ont avant tout besoin de suivre des études supérieures. Il est pertinent de comparer, dans la mesure où les études supérieures (comme le permis de conduire, en théorie) ne se passent qu’une fois au cours de la vie.

Selon une enquête sur le sujet par l’institut CSA Research au printemps 2018, le budget global consacré par les familles françaises aux études supérieures est de 7 118 euros en moyenne par an et par enfant. Un montant qui inclut toutes les dépenses, directes et connexes (frais de scolarité, de logement, d’alimentation, de transport, etc.). Sans surprise, le choix de filières sélectives, comme les écoles de commerce (10 735 euros) et d’ingénieurs (9 733 euros), coûte nettement plus cher que celui de cycles courts et professionnalisant, comme le BTS (6 870 euros) ou de l’université (6 473 euros).

Selon que l’élève suive une formation courte de type licence (3 ans) ou une formation plus longue (un master, en 5 ans), le coût des études est donc compris entre 20 000 et 36 000€. Le coût des études supérieures est donc entre 11 et 20 fois le prix d’une formation au permis de conduire.

Le coût d’une voiture

Passer le permis à moindre coût, c’est bien, mais quel est l’intérêt si l’on n’a pas les moyens ensuite de posséder et entretenir un véhicule par la suite?

Si aujourd’hui, le prix d’un véhicule neuf se situe en moyenne autour de 25 000€ (soit exactement l’équivalent d’une année de salaire moyen), le budget consacré par les ménages à l’automobile s’élève lui à 12% de leurs revenus. Une étude de 2015 estimait à 5 800€ le coût annuel (carburant, entretien, réparation et assurance) d’une Clio essence, modèle le plus vendu en France.

Au cours de sa vie de conducteur (estimée à 60 ans), un automobiliste dépensera ainsi quelques 350 000€ pour son véhicule. Le coût du permis représente donc 0,5% des dépenses liées à l’automobile au cours d’une vie.

Le coût du permis… mensualisé

Pour bien se rendre compte du coût du permis de conduire, un autre calcul pourrait consister à ramener son coût par mois. Aujourd’hui, de nombreux services sont mensualisés (la téléphonie, les frais bancaires, etc.). Si l’on divise le coût moyen de la formation (1 840€) par sa durée d’utilisation (60 ans, soit 720 mensualités), obtenir son permis de conduire revient à… 2€50 par mois.

Les exemples pourraient être multipliés à l’infini ! Ce n’est pas notre objectif. Il s’agit uniquement de souligner que la formation au permis de conduire reste relativement peu chère comparée à d’autres dépenses tout aussi nécessaires. Vouloir raboter le coût de cette formation, le plus souvent au détriment de la qualité est donc bien dérisoire.

Un élève moins bien formé sera plus dangereux sur la route, pour lui-même et pour les autres. Ainsi, le coût pour la société risque, au final de s’en trouver majoré.

Quelles solutions?

Pour faire baisser le prix de la formation au permis de conduire, des solutions existent :

  • Exonérer les établissements d’enseignement de la conduite du paiement de la TVA (comme c’est le cas pour les établissements d’enseignement supérieur) ;
  • Réduire ou exonérer les établissements d’enseignement de la conduite des cotisations sociales grâce à un dispositif semblable au CICE (qui prendra fin en janvier 2019) ;
  • Mobiliser des nouveaux dispositifs de financement. Par exemple, permettre aux parents de faire bénéficier à leurs enfants des heures de formations accumulées sur leurs comptes CPF (cette idée est notamment défendue par Hicham Amri, l’un des cofondateurs du réseau Point Conduite).

[Analyse] Depuis longtemps déjà Ornikar gonfle ses chiffres

4

Le 14 novembre, Monsieur Gaignault est reçu dans l’émission « Good Morning Business » présentée par Stéphane Soumier. Pendant un peu plus de 5 minutes d’« interview », une série de chiffres plus ou moins fantaisistes sont énumérés. Parmi ces chiffres, un a retenu notre attention : 200 000 élèves inscrits, qui représenteraient « 20% du marché ».

Nous avions déjà parlé des taux de réussite affichés par la start-up nantaise au code de la route et à la conduite. Penchons-nous à présent sur l’évolution du nombre de candidats revendiqués par Ornikar depuis sa création.

La start-up ne commence à communiquer autour de son nombre d’élèves inscrits qu’à partir du moment où elle obtient un agrément début 2016. Le 21 janvier 2016, Ornikar affichait déjà 8187 inscrits, près de trois ans plus tard, ce nombre est passé à 522 144.

Ces chiffres sont-ils crédibles? À quoi correspondent-ils? Tentons d’y voir un peu plus clair.

500 000 élèves en 3 ans?

Selon le compteur présent sur son site, Ornikar aurait inscrit plus de 500 000 élèves depuis 2016.

Capture d’écran du site Ornikar.com

Ces chiffres sont cependant à prendre avec beaucoup de recul. Il s’agit en effet de chiffres déclarés (et non audités). Ces chiffres sont des éléments de communication invérifiables. Par ailleurs, Ornikar joue sur les mots « élèves », « inscrits », « utilisateurs » ont tour à tour été employés. Le plus probable est que ces chiffres représentent le nombre de comptes utilisateurs créés sur la plateforme.

Posséder un compte utilisateur (gratuit) ne signifie par forcément être client ou élève. De la même façon, acheter un accès au code de la route à 29€90 ne suffit pas à dire que l’élève a fait sa formation chez Ornikar.

Un début d’essoufflement?

Autre indication intéressante, si l’on regarde l’évolution du taux de croissance du nombre d’utilisateurs, on constate que celui-ci est en forte baisse depuis la fin de l’été.

Plusieurs explications possibles :

  • Ornikar connaît un début d’essoufflement, le bouche-à-oreille fait son effet ;
  • Ornikar découvre le principe de la saisonnalité avec une hausse des inscriptions avant l’été et à la rentrée, puis une baisse à l’automne ;
  • dernière hypothèse, les chiffres ont été un peu trop « gonflés » par le passé et cela commençait à se voir.

Des tarifs moins attractifs 

Jusqu’à présent, Ornikar communiquait sur des tarifs « 10 fois moins chers » pour la code de la route et « 2 fois moins chers » pour la conduite. La mise à jour récente (courant novembre du site internet, a été l’occasion de revoir ces affirmations à la baisse. La partie pratique est désormais présentée comme étant « 35% moins chère » qu’en auto-école traditionnelle. Cette affirmation se base sur une étude vieille de plus de 2 ans et est encore éloignée des chiffres officiels qui parlent d’un écart de 15%.

Que retenir de tout ça? Les chiffres présentés par Ornikar sont dé-corrélés de la réalité. Ils sont utilisés par la start-up pour communiquer et pour paraître plus importante qu’elle n’est réellement. Les exemples dans l’histoire ont montré qu’il était compliqué de se défaire de telles exagérations et que toute bulle finit par éclater…


[Bilan 2017] Les taux de réussite des candidats libres

9
Le bilan 2017 « Examens du Permis de conduire » vient d’être mis en ligne sur le site de la Sécurité routière. Sur 57 pages, ce document nous éclaire sur l’évolution du nombre de présentations et les taux de réussite aux examens du permis de conduire. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux chiffres relatifs fournis au sujet des candidats libres. 

La Sécurité routière commence par définir les candidats libres, les candidats se présentant à l’examen, « sans être inscrit dans une école de conduite ». Cette définition est surprenante dans la mesure où l’immense majorité de ces candidats sont bel et bien inscrits dans une auto-école, le plus souvent dans une auto-école en ligne et dans certains cas (plus rares) dans des auto-écoles traditionnelles manquant de places d’examen.

Un phénomène qui reste relativement marginal

S’il est en nette progression par rapport aux années précédentes, le nombre de candidats libres reste marginal. Le Bilan de la Sécurité routière nous indique qu’« au total, 10 013 candidats libres ont été examinés en examens pratiques en 2017, contre 4 023 en 2016 ». Cela représente respectivement 0,51% des 1,5 millions d’examens et 0,62% des candidats examinés.

Ce phénomène est concentré sur les grandes agglomérations où opèrent les auto-écoles en ligne (Paris, Marseille, Strasbourg,… ainsi qu’en Seine-Saint-Denis). Par ailleurs, 94% des candidats libres se présentent aux examens de la catégorie B (très peu se présentent à l’examen moto ou aux examens du groupe lourd).

 

Un taux de réussite inférieur de 15 points à la moyenne nationale

Sur les 10 013 examens, 3 949 permis ont été délivrés, soit un taux de réussite de 39,4%. Le Bilan de la Sécurité routière affiche des chiffres légèrement supérieurs (42,09%). L’explication de cet écart de chiffres vient probablement du fait que certains examens sont annulées (véhicules non conformes, défaut d’assurance, etc). Cela représente tout de même 631 examens (soit 6-7% des examens attribués aux candidats libres). Autant de places « perdues » qui auraient pu être attribuées à des auto-écoles.

Quoi qu’il en soit ces taux sont très éloignés des taux de réussite communiqués par Ornikar et En Voiture Simone sur leurs sites internet respectifs… et très inférieurs à la moyenne nationale (57% en 2017).

Un taux gonflé par les candidats présentés par les auto-écoles traditionnelles

Le taux de réussite d’environ 40% attribué aux candidats libre n’est pas celui des candidats présentés par les auto-écoles en ligne. En effet, face à la pénurie de places, certaines auto-écoles traditionnelles ont fait le choix (souvent contraint) de présenter certains élèves en candidats libres. En considérant que ces élèves ont eu une formation de qualité équivalente au reste des élèves formés en auto-écoles traditionnelles, ces « faux candidats libres » viennent gonfler artificiellement les taux de réussite.

Les chiffres sont là: le taux de réussite des élèves formés par les auto-écoles en ligne et présentés en candidats libre se situe probablement aux alentours de 30-35%. 

Un rapport qualité-prix beaucoup moins attractif

Les auto-écoles en ligne communiquent sur des tarifs « deux fois moins chers » qu’en auto-école traditionnelle. La députée LReM Françoise Dumas (Gard), en charge de la mission parlementaire qui travaille actuellement sur le thème du permis de conduire, a déclaré à BFM TV il y a quelques jours :

« Passer le permis coûte en moyenne 1 844 euros dans une auto-école classique, 1 581 euros dans une auto-école en ligne. S’il existe de nombreux dispositifs financiers, il faut les rendre plus transparents. Une réflexion doit aussi être menée sur la manière de rendre cet examen accessible, compréhensible, au plus grand nombre ».

En définitive, un élève qui choisirait de passer par une auto-école en ligne déboursera donc 14% moins que dans une auto-école traditionnelle, mais aura 25 à 40% moins de chances d’obtenir son permis. La communication et le marketing sont une chose, mais la réalité des chiffres est souvent plus cruelle…

Le bilan complet est disponible en téléchargement sur cette page.


Le réseau INRI’S se lance dans une grande opération de communication

1

Depuis le début du mois de septembre, le réseau INRI’S s’est lancé dans une grande opération de communication à destination des auto-écoles. Son objectif : recruter de nouveaux membres et étendre son maillage territorial. Il s’appuie pour cela sur son savoir-faire et sur des outils numériques performants afin de lutter contre l’arrivée massive des auto-écoles en lignes sur le marché.

Créé en 2013, le réseau INRI’S (« Instruction nationale routière innovante et sécuritaire ») est le quatrième réseau d’auto-écoles, mais également celui qui connaît la plus forte croissance. Il rassemble aujourd’hui une centaine d’agences liées par une licence de marque (un système moins contraignant que la franchise).

Très bien implanté en région parisienne, le réseau d’auto-écoles INRI’S ambitionne de se développer sur tout le territoire national. Armel Lebié, le fondateur et président d’INRI’S, détaille ses ambitions: « nous souhaitons renforcer notre présence au niveau national en accueillant de nouvelles agences au sein du réseau, notamment à Lille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Montpellier. »

Stages accélérés, outils numériques performants et tarifs négociés

Pour convaincre de nouveau adhérents à rejoindre, le réseau INRI’S mise sur son savoir-faire en matière de stages accélérés (stage code 3 jours, stage conduite 3, 5 et 10 jours, stage moto 3 et 5 jours), en plus des formations traditionnelles. En 2015, Armel Lebié déclarait dans un article paru sur un  article paru sur La Tribune des auto-écoles « c’est notre produit phare, et à notre avis la meilleure solution pour l’élève. Une formation efficace doit être concise et pas trop espacée dans le temps, sinon la déperdition des connaissances est inévitable. Nous comptons ainsi être « le 1er réseau d’auto-écoles spécialisées en stage permis intensif ».

Par ailleurs, le réseau INRI’S met à disposition de ses adhérents un outil de gestion numérique parmi les plus performants du marché en effet cette plateforme INRI’S ONLINE permet de gérer tout le cycle de vie de l’élève (de l’état de prospect à client jusqu’à sa réussite à l’examen), des outils marketing afin d’assurer leur visibilité et leur développement économique.

Capture d’écran du site INRI’S Formations

Enfin, les membres du réseau bénéficient de prix négociés auprès de nombreux partenaires, que ce soit pour la location ou l’achat de véhicules, le carburant, les fournitures pédagogiques et l’assurance.

Un plan de communication ambitieux pour contrer les auto-écoles en ligne

Le réseau INRI’S a mis en place une stratégie de communication globale et multi-support à destination des futurs conducteurs à travers notamment :

  • une présence numérique importante (site, référencement, application mobile, etc…) ;
  • des campagnes de spots publicitaires en radios nationales ;
  • une animation quotidienne de ses pages réseau social (Facebook et Instagram) ;
  • des campagnes de distribution de prospectus en boîte aux lettres.
Les auto-écoles qui souhaiteraient davantage d’informations sur INRI’S et sur les conditions pour intégrer le réseau peuvent remplir une demande de renseignements sur cette page.

 


[REVUE DE PRESSE] L’actualité de la semaine du 3 septembre

1
Ces derniers jours ont été riches en annonces: lancement d’une mission parlementaire sur l’éducation routière, la réforme du permis moto et la privatisation de l’examen B qui « serait » envisagée à très court terme (1er janvier 2019). Si vous n’avez pas eu le temps de suivre, nous vous avons préparé une revue de presse. Bonne lecture!

Une mission parlementaire sur l’éducation routière

Le 30 août, le Ministère de l’Intérieur annonçait sur Twitter le lancement d’une mission parlementaire sur l’éducation routière. Son objectif sera de « formuler des propositions permettant de garantir, dans le temps et en tout point du territoire, une formation de qualité au permis de conduire, tout en assurant son accessibilité et celle des examens en termes de délais et de prix. La réflexion visera également à consolider le secteur économique de l’éducation routière et à définir des modalités de contrôle adaptées à l’ensemble de la profession. Elle proposera, le cas échéant, des évolutions législatives et réglementaires et, d’une manière générale, toute mesure permettant d’assurer la qualité de la formation des conducteurs et l’accessibilité du permis de conduire. » Le communiqué en intégralité est reproduit dans le tweet ci-dessous.

Vers une réforme du permis moto en 2019

La semaine passée, Permis Pratique publiait un article faisant état des différentes pistes de réflexion autour d’une réforme du permis moto en 2019: la mise en place d’un code moto E.T.M (Epreuve Théorique Moto), l’épreuve en circulation serait rallongée à 40-45 minutes (contre 30 actuellement) alors que l’épreuve du plateau serait, elle, raccourcie. Enfin, un nouveau système de notation pour l’épreuve hors-circulation pourrait voir le jour. Pour plus de détails, l’article de Permis Pratique.

La privatisation de l’examen B au 1er janvier 2019?

Le sujet est sur la table depuis des mois, avec ses défenseurs et ses détracteurs. La semaine dernière la magasine Auto Plus publiait une enquête avec des éléments tendant à montrer que la privatisation pourrait être mise en place dès le début de l’année prochaine. L’objectif pour l’État serait de réaliser des économies budgétaires (dans le cadre du plan Action Publique 2022), et la Sécurité routière travaillerait sur une évolution de l’examen pratique avec, notamment, deux candidats à bord, ou avec l’examinateur assis à l’arrière pour mieux évaluer le candidat. Une mise en place dans des délais si courts et alors que la mission parlementaire vient d’être annoncée semble néanmoins difficile à croire… L’intégralité de l’article d’Auto Plus ici.