Le bilan 2017 « Examens du Permis de conduire » vient d’être mis en ligne sur le site de la Sécurité routière. Sur 57 pages, ce document nous éclaire sur l’évolution du nombre de présentations et les taux de réussite aux examens du permis de conduire. Nous nous sommes particulièrement intéressés aux chiffres relatifs fournis au sujet des candidats libres.
La Sécurité routière commence par définir les candidats libres, les candidats se présentant à l’examen, « sans être inscrit dans une école de conduite ». Cette définition est surprenante dans la mesure où l’immense majorité de ces candidats sont bel et bien inscrits dans une auto-école, le plus souvent dans une auto-école en ligne et dans certains cas (plus rares) dans des auto-écoles traditionnelles manquant de places d’examen.
Un phénomène qui reste relativement marginal
S’il est en nette progression par rapport aux années précédentes, le nombre de candidats libres reste marginal. Le Bilan de la Sécurité routière nous indique qu’« au total, 10 013 candidats libres ont été examinés en examens pratiques en 2017, contre 4 023 en 2016 ». Cela représente respectivement 0,51% des 1,5 millions d’examens et 0,62% des candidats examinés.
Ce phénomène est concentré sur les grandes agglomérations où opèrent les auto-écoles en ligne (Paris, Marseille, Strasbourg,… ainsi qu’en Seine-Saint-Denis). Par ailleurs, 94% des candidats libres se présentent aux examens de la catégorie B (très peu se présentent à l’examen moto ou aux examens du groupe lourd).
Un taux de réussite inférieur de 15 points à la moyenne nationale
Sur les 10 013 examens, 3 949 permis ont été délivrés, soit un taux de réussite de 39,4%. Le Bilan de la Sécurité routière affiche des chiffres légèrement supérieurs (42,09%). L’explication de cet écart de chiffres vient probablement du fait que certains examens sont annulées (véhicules non conformes, défaut d’assurance, etc). Cela représente tout de même 631 examens (soit 6-7% des examens attribués aux candidats libres). Autant de places « perdues » qui auraient pu être attribuées à des auto-écoles.
Quoi qu’il en soit ces taux sont très éloignés des taux de réussite communiqués par Ornikar et En Voiture Simone sur leurs sites internet respectifs… et très inférieurs à la moyenne nationale (57% en 2017).
Un taux gonflé par les candidats présentés par les auto-écoles traditionnelles
Le taux de réussite d’environ 40% attribué aux candidats libre n’est pas celui des candidats présentés par les auto-écoles en ligne. En effet, face à la pénurie de places, certaines auto-écoles traditionnelles ont fait le choix (souvent contraint) de présenter certains élèves en candidats libres. En considérant que ces élèves ont eu une formation de qualité équivalente au reste des élèves formés en auto-écoles traditionnelles, ces « faux candidats libres » viennent gonfler artificiellement les taux de réussite.
Les chiffres sont là: le taux de réussite des élèves formés par les auto-écoles en ligne et présentés en candidats libre se situe probablement aux alentours de 30-35%.
Un rapport qualité-prix beaucoup moins attractif
Les auto-écoles en ligne communiquent sur des tarifs « deux fois moins chers » qu’en auto-école traditionnelle. La députée LReM Françoise Dumas (Gard), en charge de la mission parlementaire qui travaille actuellement sur le thème du permis de conduire, a déclaré à BFM TV il y a quelques jours :
« Passer le permis coûte en moyenne 1 844 euros dans une auto-école classique, 1 581 euros dans une auto-école en ligne. S’il existe de nombreux dispositifs financiers, il faut les rendre plus transparents. Une réflexion doit aussi être menée sur la manière de rendre cet examen accessible, compréhensible, au plus grand nombre ».
En définitive, un élève qui choisirait de passer par une auto-école en ligne déboursera donc 14% moins que dans une auto-école traditionnelle, mais aura 25 à 40% moins de chances d’obtenir son permis. La communication et le marketing sont une chose, mais la réalité des chiffres est souvent plus cruelle…
Le bilan complet est disponible en téléchargement sur cette page.