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[Analyse] Où sont passés les élèves ?

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Salle de code vide
Depuis le début de l’année, de nombreuses auto-écoles constatent une relative faiblesse du nombre d’inscriptions. Si le mois de décembre et la première semaine de janvier sont habituellement des périodes creuses en auto-écoles, les inscriptions repartent généralement à la hausse avec la reprise des cours. Ce ralentissement, qui survient après des mois d’activité intense, interroge autant qu’il inquiète. Nous avons tenté de comprendre le phénomène.

Les prémices d’un ralentissement dès l’automne 2021

Depuis qu’elles existent, les auto-écoles ont toujours connu des phénomènes de saisonnalité des inscriptions, corrélées notamment avec le climat et les échéances scolaires (vacances, rentrées,…). Le Covid-19 et la crise sanitaire que la France traverse depuis 2 ans sont venus percuter cette saisonnalité.

La baisse du nombre d’inscription en début d’année est inhabituelle et elle est confirmée par des dizaines d’exploitants d’écoles de conduite, partout en France. Au-delà de ces « ressentis » forcément subjectifs et difficilement interprétables, PermisMag a cherché des données objectives pour confirmer ce phénomène.

Si aucun indicateur ne permet de mesurer en temps réel l’activité des auto-écoles, il existe des outils qui permettent d’en avoir une bonne approximation : les tendances attachées à la recherche de certains mots-clés sur Google. Ainsi, si l’on regarde les volumes de recherche sur le mot-clé « auto-école », on constate une baisse importante des requêtes à partir de la mi-septembre 2021.

Cette baisse se poursuit jusqu’à fin décembre. On constate un léger rebond en janvier, mais les chiffres restent 15 à 20 points inférieurs à ceux constatés en janvier 2020 (avant la pandémie) et en janvier 2021.

Si l’on regarde les requêtes effectuées sur le mot-clé « code de la route », le constat est le même. Le volume de requêtes n’a jamais été aussi bas ces 5 dernières années (hormis pendant le premier confinement).

Ce ralentissement est confirmé par les opérateurs de centres d’examen du code de la route qui notent une baisse du nombre d’examens « de l’ordre de 20% ». Après l’afflux massif d’élèves suite aux phases de déconfinements, on semble assister à un « reflux », à un creux dans la « vague » (pour reprendre un terme à la mode).

Des raisons multiples au ralentissement

Nous avons cherché des explications à ce rétrécissement temporaire du marché de l’enseignement de la conduite. Nous avons rassemblé plusieurs hypothèses pour expliquer ce ralentissement. Nous vous les exposons ici :

  1. le contexte sanitaire : c’est l’explication qui arrive en tête. Les variants Delta puis Omicron particulièrement infectieux ont affectés un grand nombre de Français (jusqu’à 400 000 cas / jours). Ils ont pu inciter certains à revoir leurs priorités personnelles et professionnelles… et donc le passage du permis de conduire.
  2. la démographie. Si l’on regarde le nombre de naissances au début des années 2000, on constate qu’après un pic à 807 000 naissances en 2000, les chiffres ont baissé les années suivantes (en particulier entre 2002 et 2004) avant de repartir à la hausse. Ce sont les élèves qui sont nés à ce moment-là qui ont aujourd’hui l’âge de passer le permis.
  3. un « bouche à oreille négatif » autour du permis de conduire et du manque de places d’examen, abondamment relayé dans la presse régionale (dans le Calvados, dans l’Hérault et dans le Loir-et-Cher). Dans le même temps, le 27 septembre, Ornikar annonçait dans les médias saisir le Conseil d’État au sujet des délais de présentation des candidats libres (8 à 14 mois). Cette petite « musique de fond », relayée au sein des cercles d’amis, a pu inciter les plus indécis à reporter leur formation à la conduite à plus tard.
  4. Le contre-coup d’une bonne année 2021. Les auto-écoles ont connu (pour la plupart) une bonne année 2021. Les niveaux de recours au CPF ont été particulièrement hauts sur la période janvier à juin 2021. Le ralentissement de l’automne pourrait n’être qu’un rééquilibrage, avant un retour à la normale.
  5. Les lenteurs de l’ANTS. Le portail ANTS a fait peau neuve à l’automne 2021, mais les délais de traitement ne se sont pas pour autant raccourcis. Confrontés à des délais plus longs pour obtenir leur numéro NEPH, les élèves qui se sont inscrits en candidat libre ne peuvent pas passer leur examen du code de la route et doivent patienter avant de pouvoir aller s’inscrire en auto-école.

Nombre de naissances en France (source : Insee)

Nombre de naissances

Ces explications ne sont que des hypothèses et aucune ne suffit, seule, à expliquer le phénomène.

Ce phénomène est perçu différemment selon les auto-écoles, leur emplacement géographique et les actions de communication qu’elles mettent en place. Il doit être relativisé. En effet, il est probable qu’il s’agisse d’une phase transitoire en attendant un retour à la normal d’ici quelques semaines.

Bonne fin de semaine !


Benoît Storelli (Stych) « le secteur va se concentrer en 2022 »

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Stych Benoit Storelli Stanislas Llurens
PermisMag poursuit sa série d’entretiens en allant cette semaine à la rencontre du directeur général de Stych (anciennement Auto-ecole.net). L’entreprise, qui connaît une croissance importante, revendique sa différence. Nous l’avons interrogé sur sa vision du secteur de l’enseignement de la conduite pour l’année à venir.

[PermisMag] Bonjour, est-ce que vous pouvez nous présenter Stych en quelques mots ?

[Benoît Storelli] Stych a été fondée en 2014 par Stanislas Llurens et Olivier Boutboul. Le premier est un spécialiste de l’e-learning (apprentissage en ligne, NDLR) et des outils digitaux. Le second est BAFM, un spécialiste de l’enseignement de la conduite, un vrai « sachant métier » qui dirigeait par ailleurs un centre de formation de moniteurs.

Ce qu’ils ont souhaité, c’est construire une vraie auto-école digitale, qui s’appuie sur des outils numériques performants mais surtout sur des enseignants essentiellement salariés.

Leur idée dès le début n’est pas de faire une plateforme de mise en relation et d’uberiser le marché, mais de créer une école résolument moderne. Le « modèle Stych » est en ce sens proche de celui des auto-écoles traditionnelles ou l’enseignement est clé.

Vous savez que les plateformes sont très déconsidérées par les professionnels de l’enseignement de la conduite. Votre modèle vous rend a priori plus « fréquentable » ?

Nous poursuivons les mêmes objectifs et nous avons les mêmes ambitions que les auto-écoles traditionnelles. Nous sommes autant attachés à la pédagogie que les auto-écoles traditionnelles et, comme elles, nous avons des enseignants salariés. Ce qui nous différencie ce sont les outils digitaux que nous utilisons, notre méthode d’apprentissage et la faculté que nous donnons aux élèves de piloter toute leur formation en ligne.

On parle parfois d’« auto-école en ligne ». Comme vous l’avez souligné, ce terme regroupe aussi bien les plateformes de mise en relation et d’autres modèles comme le vôtre. Vous refusez d’être assimilés à ces plateformes ?

Soit on ne nous connaît pas, soit on nous a soigneusement rangé dans la même case que les plateformes de mise en relation car, quelque part, cela arrange tout le monde. Dès le départ, le modèle Stych est différent. Nous sommes une auto-école qui s’est dotée de ce qui se fait de mieux en termes d’outils numériques. Comme j’ai coutume de dire, nous avons « pensé hier, ce que va être l’auto-école de demain » !

Aujourd’hui Stych, c’est un réseau de 32 agences avec 32 agréments, je pense que c’est quelque chose que beaucoup ignorent.

Quand on prend un pas de recul et que l’on regarde les évolutions du secteur ces dernières années, on constate que – réforme après réforme – le digital rentre de force dans l’auto-école. Que ce soit le rapport Dumas, le label de qualité et Qualiopi (qui oblige les auto-écoles à se digitaliser et à publier tout un tas d’indicateurs), RDVPermis, le livret d’apprentissage numérique… les acteurs s’adaptent mais pour certains, cela peut être violent.

Chez Stych, ces réformes sont vécues sereinement, le numérique fait partie de l’ADN de l’entreprise. L’objectif premier – à la création d’Auto-ecole.net – était de digitaliser l’auto-école tout en gardant le socle de l’enseignant salarié. Nous sommes préparés à faire face à ces évolutions… Ce n’est pas le cas de la majorité des auto-écoles qui sont en train ou qui vont devoir faire cet effort dans les mois et les années à venir.

Le numérique et au cœur des préoccupations des acteurs de l’écosystème. Sur le terrain, la transformation à marche forcée n’est pas toujours accueillie favorablement…

Pour certains, cette transition vers le numérique est une vraie souffrance. Je le vois régulièrement en discutant avec différents acteurs. Les gérants qui ont rejoint Stych en nous vendant leur agence se sont déchargés de tout ça ! Ils sont redevenus des pédagogues à temps plein, ils gèrent leurs enseignants et leurs élèves. Ils sont détachés de tous ces problèmes, de cette gestion administrative et de cette transformation digitale qui est prise en charge chez Stych au niveau du siège.

Pour moi, ce modèle c’est le futur ! Il y a beaucoup trop de règles, beaucoup trop de contraintes aujourd’hui sur l’auto-école pour que chacun indépendamment, dans son coin, puisse faire les choses correctement. Il y a un vrai intérêt à se consolider, à se rapprocher.

Vous disiez à l’instant que vous aviez racheté plusieurs agences… Votre modèle s’appuie sur un ancrage local, là aussi vous vous démarquez des plateformes. Vous comptez continuer à vous développer en ayant recours à de la croissance externe ?

Nous sommes dans une logique de croissance extrêmement forte, entre 30 et 50% de croissance par an… peut-être plus ! Cette croissance, elle passe par deux leviers.

Premièrement, par le fait de s’étendre géographiquement pour être capable de servir à la conduite 100% des élèves qui nous font confiance pour le code de la route. Nous avons vocation à être présents sur toute la France. Nous avons pour objectif de nous installer dans 30 nouvelles villes en 2022, soit en embauchant des salariés pour ouvrir, soit en reprenant des agences existantes. Nous visons actuellement toutes les villes de plus de 20 000 habitants.

Deuxièmement, cela passe par le recrutement d’enseignants. Comme nous sommes en croissance partout là où l’on est implantés, et nous avons en permanence besoin de renforcer nos équipes.

Est-ce que vous êtes en train de lancer un appel aux gérants qui envisagent de céder leur auto-école ? Quelles sont les agences que vous êtes susceptible de racheter ?

Tout à fait, nous sommes prêts à accueillir de nouvelles agences au sein de notre réseau afin d’étendre notre maillage géographique. Comme je vous le disais, nous souhaitons être présents dans toutes les villes de plus de 20 000 habitants dans un premier temps.

Il y a aujourd’hui deux typologies de gérants qui nous rejoignent : ceux qui veulent se consacrer à leur métier-passion – l’enseignement de la conduite – et ceux qui sont proches de la retraite et qui veulent assurer la pérennité de leur agence.

Dernier car de figure, les auto-écoles qui sont en difficulté financière. Stych donne la possibilité au gérant de continuer à exercer son métier sereinement. Les élèves qui sont inscrits et qui ont payé leur formation sont repris, on agit en quelque sorte comme une « garantie financière ». On a fait ça deux fois l’année dernière, à Rouen et à Poitiers.

Et comment se passe l’intégration des auto-écoles au sein de Stych ? N’y a-t-il pas de « choc des cultures » ?

L’intégration se passe en général très bien ! Nous les accompagnons pendant le temps nécessaire à la transition, nous prenons le temps de former l’ancien gérant et son équipe à nos outils et à nos méthodes.

Ceux qui n’ont pas encore l’âge de la retraite sont quasiment tous restés chez nous. Ils ont rejoint l’entreprise, ils sont restés à la tête de leur agence et ils y sont pour certains depuis plusieurs années. Il y en a même parfois qui ont déménagé et ont recréé une agence avec nous sous les couleurs Stych, dans leur nouvelle ville. Ils sont super épanouis, ils ont perdu en stress et en contraintes et ont gagné en confort de vie en rejoignant un réseau « plus gros ».

Laissez moi vous donner deux exemples. On vient de proposer à une des plus anciennes auto-écoles d’Avignon de nous rejoindre. À la tête de cette agence, il y a un couple qui est arrivés à un stade où ils sont proches de la retraite. L’auto-école n’était pas du tout digitalisée… on était encore au « tout papier ». Ils ont 4 enseignants, dont ce n’est pas une petite auto-école, c’est une auto-école de taille moyenne. Ils ne se voyaient à aucun moment commencer à se digitaliser, passer sur les tablettes. Ce n’est pas dans leur logique, ni dans leur savoir-faire. Quand on a parlé avec eux, d’abord on a eu un contact humain fantastique. Ils nous ont fait confiance tout de suite. Ils ont vu que le projet était bien né, qu’il y avait un vrai respect fondamental du métier et ils se sont dit « la solution c’est eux… On va partir à la retraite, on ne veut pas fermer cette auto-école, on ne veut pas laisser tomber nos enseignants et nos élèves. » Pour eux, le choix de rejoindre Stych s’est imposé naturellement.

Deuxième exemple, à Clermont-Ferrand, avec une grosse auto-école qui appartenait à un réseau national. Le couple à la tête de cette auto-école est venu nous voir car ils étaient fatigués d’un métier qui est en train de se complexifier : le digital, le CPF, la pénurie d’enseignants, etc… Ils voulaient se  se débarrasser de cet aspect-là pour se consacrer au cœur de leur métier. Le cœur de leur métier d’une auto-école c’est de former et aujourd’hui il y a toute cette surcouche de contraintes qui fait perdre à certains le sens du métier.

Le nombre de fois où l’on entend les gens dire « je passe des heures sur RDVPermis à récupérer des places, à essayer de recruter un enseignant et je ne trouve personne, à monter des dossiers administratifs pour avoir Qualiopi ». Lorsqu’on est seul à affronter tous ces changements, il y a de quoi être démoralisé !

C’est un discours que l’on entend beaucoup en effet ! On a l’impression que Stych peut coexister avec des auto-écoles traditionnelles ou « de proximité ». On ne retrouve pas chez vous cette volonté hégémonique…

Bien sûr, que nous pouvons coexister. Dans la vision que l’on a, le secteur de l’enseignement de la conduite va se concentrer dans les années à venir. Il est contraint par la règlementation, par l’arrivée du digital, etc. Ces contraintes font qu’il est de plus en plus difficile d’exercer ce métier pour les petites structures. Il y a également la démographie, on a beaucoup d’acteurs qui arrivent à l’âge de la retraite, la concentration va s’opérer c’est inévitable.

Selon moi, plusieurs modèles vont cohabiter :

  • le modèle de l’auto-école traditionnelle, indépendante, avec des gens passionnés qui font ce métier à la perfection bien que je pense que la majorité d’entre eux rejoindront l’un des gros réseaux associatifs ;
  • le modèle de plateformes de mise en relation. Qu’on le veuille ou non, elles répondent à la demande de certains élèves et vont continuer à exercer si la règlementation ne devient pas trop contraignante pour elle ; et,
  • des modèles comme le nôtre, à la croisée des deux mondes, extrêmement pointu en matière de digital avec un ancrage territorial et complétement tourné vers la pédagogie.

Stych a vocation à se développer, mais on n’a pas vocation à détruire le maillage existant et les différents acteurs en place. On sait bien qu’on va devoir coexister. D’ailleurs, il y a toujours eu de la concurrence localement entre les auto-écoles.

Ce que l’on propose aujourd’hui à ceux qui le souhaitent c’est de travailler avec nous pour faire face, ensemble, aux transformations en cours.

Dernière question, les principaux reproches qui sont fait aux nouveaux acteurs sont d’une part de ne pas respecter la règlementation qui s’impose aux auto-école traditionnelles (agrément, enseignants salariés) et, d’autre part, de communiquer des tarifs et des taux de réussite mensongers auprès du grand public. Qu’est ce que vous en pensez ?

Stych est ultra respectueux du cadre réglementaire, celui qui est imposé par la loi, et contrôlé par la DGCCRF et les autorités de tutelles. On est également très respectueux du cadre pédagogique. Notre co-fondateur, Olivier Boutboul, qui maîtrise à la perfection le  REMC a fait en sorte que le digital puisse être au service de la pédagogie. On est structurés et transparents dans notre façon de faire. On affiche nos vrais taux de réussite, on est transparents sur nos tarifs, sur la durée de la formation..

Stych est un acteur qui est, de ce point de vue-là, assez vertueux et on veut revaloriser le métier d’enseignant de la conduite. C’est pour ça qu’on travaille énormément en interne sur l’expérience de nos élèves et la réciproque qui est l’expérience de nos salariés.

En ce qui concerne les enseignants, leur rémunération est intéressante et nous leur donnons de la liberté pour qu’ils puissent s’exprimer professionnellement et d’un point de vue perso (avec une grande mobilité géographique). On essaye de transformer les pratiques du secteur en étant parfaitement à contre-pied des critiques qui sont adressées à ce secteur. Par ce qu’on sait qu’une petite minorité des acteurs jette le discrédit sur toute une profession.


LOI n° 2022-52 du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure

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LOI n° 2022-52 du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure. Modifications au code de la route. Lire en ligne


« L’auto-école responsable » : le CNPA réfléchit au futur des écoles de conduite

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Auto-école responsable Lorenzo Lefebvre
Réunis la semaine dernière à Suresnes, les membres du comité directeur du CNPA ESR – qui doit annoncer un changement de nom dans les jours à venir – ont réfléchi aux évolutions à venir du secteur de l’enseignement de la conduite. Son vice-président Lorenzo LEFEBVRE nous a accordé un entretien  dans lequel il détaille les pistes de travail et les grandes orientations sur lesquelles l’organisation professionnelle majoritaire va travailler en 2022. Notamment, sur le concept d’« auto-école responsable » et sa traduction concrète pour les écoles de conduite et leurs élèves.

[PermisMag] Bonjour Lorenzo, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ce concept d’« auto-école responsable » sur lequel vous avez travaillé ?

[Lorenzo Lefebvre] L’« auto-école responsable » est avant tout une auto-école qui se doit d’être inclusive et de s’adresser à tous. Nous avons la volonté de mieux accompagner deux catégories d’apprenants : les seniors et les personnes ayant des besoins spécifiques, qu’ils aient des handicaps visibles ou invisibles (dyslexie, dyspraxie, personnes atteintes de surdité…). Ces personnes n’ont pas encore assez accès aux formations… ni aux examens.

Il y a quelques mois, au Congrès de Lille, le CNPA appelait les écoles de conduite à « faire leur révolution ». Selon vous, la révolution est-elle achevée ? Le plus dur a-t-il été fait ?

Les auto-écoles de proximité sont la référence pour le grand public. Contrairement à ce que certains ont essayé de faire croire, elles sont et restent incontournables !

Ce statut leur donne des responsabilités. Les écoles de conduite doivent réfléchir aux moyens d’améliorer encore les formations qu’elles dispensent et à comment accueillir le plus grand nombre de personnes, quelles que soient leurs difficultés (âge, handicap ou manque de moyens financiers).

Le maintien de la mobilité pour les séniors est une grande cause nationale. L’école de conduite de proximité est là pour ça ! On ne parle pas de simples leçons de perfectionnement ou de remise à niveau… Les professionnels de l’enseignement de la conduite doivent pouvoir aider les séniors pour qu’ils puissent continuer à conduire en sécurité. L’auto-école sait faire du sur-mesure, ses enseignants connaissent les environs, ils peuvent faire un diagnostic et prodiguer des conseils personnalisés.

Ce sujet est central et, en 2022, le CNPA va faire une campagne de communication nationale sur la formation des séniors en relation avec des assureurs. De nombreuses écoles de conduite de proximité accompagnent déjà ce public âgé, mais le grand public ne le sait pas assez…

Loin d’être anecdotique, ce marché est plus grand que celui des jeunes conducteurs. Les écoles de conduites ne doivent pas se limiter à la formation initiale… elles doivent aller plus loin et former le conducteur tout au long de sa vie.

Lorsqu’on parle de « responsable » dans les médias, on pense souvent à la responsabilité sociale et environnementale. L’auto-école responsable est-elle une « auto-école verte » ?

Oui, bien sûr ! Les pistes pour réduire notre impact environnemental sont nombreuses.

Le CNPA réfléchit depuis plusieurs mois au verdissement des flottes auto-écoles. Nous avons travaillé avec Bpifrance sur la mise en place de prêts pour l’achat de véhicule électriques. Nous sommes dans l’attente des annonces officielle mais le dispositif est acté et leur mise en place est imminente. Ces prêts pourront aller jusqu’à 75 000€ par structure. Ils devraient permettre l’achat de deux voitures électrique. Les premiers remboursements commenceront 2 ans après. Ce dispositif a été négocié et obtenu par le CNPA pour l’ensemble des écoles de conduite.

Il s’agit d’un prêt qu’il faudra rembourser mais il existe d’autres pistes pour améliorer les financements (des aides régionales et départementales notamment). Le risque financier est limité.

Un dispositif similaire sera mis en place par Bpifrance pour le financement des simulateurs de conduite. Dans le cas des simulateurs, le prêt sera limité à 50 000€, avec des remboursements qui ne commenceront qu’au bout d’un an.

Voitures électriques, simulateurs… les écoles de conduite sont également passées au numérique.

Tout à fait, si l’on fait un retour en arrière sur 5-6 ans, on se rend compte que le chemin qui a été parcouru est énorme. Le mot « révolution » n’est pas exagéré. De nouveaux logiciels de gestions arrivent, de plus en plus d’auto-écoles ont un site internet, les simulateurs sont de plus en plus performants, les fiches de suivi sont numériques, des cours en visio ont été mis en place en quelques semaines pendant le confinement… La profession a décidé de se transformer. Quelle profession en a fait autant ? Il n’y en a pas beaucoup…

Est-ce que ce sont les plateformes qui ont déclenché cette envie ? Peut-être, mais force est de constater que les écoles de conduite ont su s’adapter et ont modifié leur façon de travailler. Elles ont adapté leur pédagogie au numérique et ce n’est pas fini. Il va encore y avoir des bouleversements, on le sait, mais je suis confiant. Les auto-écoles sauront s’adapter !

On ne peut pas ne pas évoquer la question du « coût du permis de conduire ». Au CNPA, vous avez beaucoup réfléchi à la question du financement.

Le financement est un sujet clé pour l’accès à la mobilité. Aujourd’hui on se rend compte que le permis de conduire coûte aujourd’hui plus cher à ceux qui ont le moins moyens et ce, notamment parce qu’ils sont obligés de faire des formations fractionnées. Ce n’est pas normal ! La mobilité est un droit universel – un besoin primaire – et chacun doit avoir le droit de conduire quelle que soit sa situation.

Un jeune sans argent doit avoir des solutions. Il faut flécher les personnes qui en ont besoin vers les aides. Les budgets sont là mais ils sont mal utilisés. Nous devons avoir une discussion avec les pouvoirs publics.

Pour le CNPA, il existe deux solutions qui permettraient de régler le problème de l’accès au permis de conduire :

  • La mise en place de commissions départementales chargées de l’octroi des aides. Dans chaque mairie, mission locale, etc., nous voulons que soit mis à disposition un document unique pour faire une demande de financement. Les demandes passeraient ensuite devant cette commission qui statuera et accordera des aides aux personnes les plus en difficulté.
  • Pour ceux qui ont des revenus moyens, nous souhaitons la portabilité du CPF. Il s’agit d’une idée que l’on porte depuis longtemps. Il y a un blocage au niveau du Ministère du Travail que l’on essaye de lever. Si la portabilité au sens propre n’est pas possible, on pourrait imaginer d’autres dispositifs, comme une « avance sur CPF »… ainsi, les sommes financées seraient déduites des sommes que le jeune accumulera à son entrée sur le marché du travail. Là encore l’argent est là, il pourrait être utilisé… On parle ici de solidarité intergénérationnelle. La question que l’on doit se poser est : « est-ce qu’on a envie d’être solidaires avec les jeunes ? »

C’est une vraie réflexion à avoir. Par ailleurs, il faut que ces formations financées débouchent sur l’obtention du permis de conduire. Il doit y avoir une contrepartie, l’« auto-école responsable » doivent accompagner leurs élèves jusqu’au bout, jusqu’à l’obtention du permis.

2022 est une année d’élection présidentielle, est-ce que vous avez un message à faire passer aux candidats ?

Oui, nous demandons aux candidats de parler du permis de conduire. Comme je le disais toute à l’heure, la mobilité est un besoin primaire pour 80% de la population française. On parle souvent d’envoyer des jeunes médecins dans des déserts médicaux, pour qu’ils puissent exercer en milieu rural, encore faut-il qu’ils aient le permis. Il s’agit évidemment d’un exemple parmi d’autre.

Nous souhaitons et ferons en sorte que la profession conserve ce maillage territorial, que l’on continue à avoir une auto-école toutes les 2,8 communes. Ce chiffre on en est très fier et il y a peu de commerce qui peuvent en dire autant !


Décret n° 2022-31 du 14 janvier 2022 relatif à la réglementation des cyclomobiles légers et modifiant le code de la route

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Définition des caractéristiques techniques et des conditions de circulation d’une sous-catégorie des cyclomoteurs, les cyclomobiles légers, et allongement de la longueur maximale des engins de déplacement personnel motorisés. Le texte vise à modifier le code de la route… Lire en ligne


Décret n° 2022-1 du 3 janvier 2022 fixant, en application du cinquième alinéa de l’article L. 130-9 du code de la route, la procédure d’expérimentation de la constatation des niveaux d’émissions sonores des véhicules en mouvement par des appareils de contrôle automatique fixes et mobiles et modifiant le code de la route

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Mise en place d’une expérimentation de constat automatisé des niveaux d’émissions sonores des véhicules en application du cinquième alinéa de l’article L. 130-9 du code de la route créé par l’article 92 de la loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d’orientation des… Lire en ligne


Bonne année 2022 🎉

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Bonne année 2022

Bonne année 2022 !

Chers lecteurs,

Toute l’équipe PermisMag vous souhaite une bonne et heureuse année 2022, ainsi qu’à vos familles et à vos proches. Que cette nouvelle année nous permette à tous de retrouver une vie normale, pleine de joies et en bonne santé !

En 2022, PermisMag poursuivra sa mission, à savoir vous informer sur l’actualité du secteur de l’enseignement de la conduite et du permis de conduire. Vous donner les clés pour comprendre et analyser les évolutions auxquels font face les auto-écoles, afin de mieux les anticiper.

Nous continuerons à exercer notre regard critique envers les « nouveaux acteurs » et le manque de transparence dont ils font preuve, ainsi que la complaisance coupable dont ils bénéficient depuis plusieurs années déjà. Nous continuerons également à relayer les initiatives qui nous semblent intéressantes.

En 2022, PermisMag s’ouvrira un peu plus en donnant la paroles aux acteurs de la profession, au travers d’entretiens, qu’ils s’agissent de responsables d’organisations professionnelles, de syndicats d’inspecteurs, de fournisseurs, etc…

Bonne année à tous et à bientôt !


Décret n° 2021-1866 du 29 décembre 2021 relatif aux aides à l’acquisition ou à la location de véhicules peu polluants

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Le décret prolonge le barème actuel du bonus écologique pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables jusqu’au 1er juillet 2022. Lire en ligne


Arrêté du 28 décembre 2021 pris pour l’application de l’article D. 328-3 du code de la route

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Pour les publicités visées à l’article L. 328-1 du code de la route, les messages prévus à l’article D. 328-3 du même code sont: « Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo », « Pensez à covoiturer », et « Au quotidien, prenez les transports en commun »…. Lire en ligne


Décret n° 2021-1840 du 28 décembre 2021 relatif aux publicités en faveur des véhicules à moteur

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Dispositions relatives à l’affichage de la classe d’émissions de dioxyde de carbone des véhicules dans leur publicité et définition d’un régime de sanction administrative en cas de manquement à l’obligation prévue à l’article L. 328-1 du code de la route de faire… Lire la suite